Le forum face à la crise
dans l’hebdo N° 1038 Acheter ce numéro
Les altermondialistes avaient prévu la convulsion du système capitaliste et libéral depuis longtemps. Manquait la date.
Le FSM 2009 aura hérité de manière impromptue de cette crise majeure – de civilisation, conviennent les intervenants unanimes. C’est aussi la première édition qui « oublie » Davos, en plein marasme, mais aussi George Bush. Tout cela fait sens commun : faute d’adversaire, le mouvement altermondialiste s’est retrouvé à Belém face à lui-même, en prise avec sa responsabilité. « Un autre monde est possible, disions-nous, le voilà nécessaire et de manière urgente », résume le Brésilien Chico Whitaker, l’un des « inventeurs » du FSM.
Ce mouvement, qu’on disait « essoufflé » depuis quelques années, est au contraire plus vivace que jamais. Essor de l’économie solidaire, développement de l’agroécologie, affirmation de l’eau comme bien commun de l’humanité, défrichage de nouveaux indicateurs de richesse, etc. « Nous avons des alternatives à l’OMC, à la croissance du PIB, à l’impasse énergétique, lance Gustavo Marin, de la Fondation pour le progrès de l’homme. Il nous faut maintenant une méthode, un modèle politique. »
Via Campesina et le Mouvement des travailleurs sans terre (MST), qui creusent la piste d’une articulation entre mouvements sociaux et gouvernements progressistes, avaient invité le 29 janvier à Belém, en marge du forum, les présidents Chávez (Venezuela), Correa (Équateur), Morales (Bolivie) et Lugo (Paraguay) pour débattre de la crise. Lula (Brésil), invité par l’Ibase et l’Association brésilienne des ONG (Abong), les a rejoints plus tard.
Plusieurs mobilisations ont été décidées ou confortées à Belém : Forum de l’eau (Istanbul, mars), G20 face à la crise (Londres, mars), réforme de l’Otan (frontière franco-allemande, avril), sommet du G8 (Italie, juillet), sommet climat (Copenhague, décembre).
Quant au prochain FSM, en 2010, il sera « polycentrique », comme en 2008 (des réunions dispersées). Et en Afrique en 2011 ou… aux États-Unis pour un « forum ouvert au monde » . Mais l’obstacle des visas sera peut-être insurmontable. Lula a en tout cas été sollicité pour s’ouvrir de l’idée auprès d’Obama !