Les amphis grondent
Les étudiants ont rejoint les enseignants mobilisés contre la réforme.
dans l’hebdo N° 1041 Acheter ce numéro
L’onde de choc est partie des enseignants le 22 janvier. Depuis, les étudiants sont entrés dans la danse. Réunis en coordination nationale à Rennes-II les 14 et 15 février, les étudiants de 63 universités ont appelé à « amplifier la mobilisation sur les universités par la grève réelle et reconductible ». Le 19 février, au soir d’une nouvelle journée de mobilisation qui a conduit entre 32 000 et 53 000 personnes dans les rues d’une vingtaine de villes, dont plus de 15 000 à Paris, plusieurs dizaines d’étudiants ont occupé la Sorbonne. Preuve qu’ils ne restent pas insensibles à la réforme du statut des enseignants-chercheurs (EC), qui cristallise la grogne dans les universités. « Cette réforme fait de l’enseignement une sanction. Cela va réduire considérablement la qualité des enseignements, donc celle de nos diplômes, et donc celle de nos conditions de travail » , résument-ils dans leur appel.
Ils sont bien conscients que le problème s’étend au-delà du seul statut des EC : « L’enseignement supérieur est frappé par une série d’attaques majeures […], en particulier depuis l’adoption en catimini de la Loi LRU en 2007 […]. Les objectifs de la classe dirigeante sont simples : soumettre les universités à des logiques de compétitivité, de rentabilité, les mettant en concurrence les unes avec les autres, les obligeant à recourir aux financements privés. » Raison pour laquelle ils réclament le retrait des réformes de la LRU, du recrutement et de la formation des enseignants, de l’allocation des moyens, du statut des enseignants-chercheurs et du contrat doctoral unique.
La ministre de l’Enseignement supérieur, Valérie Pécresse, a beau jouer l’apaisement en promettant que les négociations vont aboutir, par l’intermédiaire de sa médiatrice Claire Bazy-Malauri, à un nouveau texte autour du principe « de l’indépendance des enseignants-chercheurs » et d’une évaluation « nationale faite par leurs pairs » , les premiers concernés ne semblent pas encore convaincus. Même la conférence des présidents d’université (CPU) a posé des conditions à une sortie de crise, dont le rétablissement des 450 emplois supprimés dans les universités en 2009 et le maintien d’une année de formation en alternance pour les reçus au concours de professeur des écoles. Caractéristique de ce mouvement, les universitaires mobilisés rivalisent d’inventivité pour maintenir la pression : cours dehors devant les facs, lecture théâtrale de la Princesse de Clèves devant le Panthéon à Paris, mur des revendications à Orléans…