Les marques bradent les conditions de travail
Deux collectifs épinglent des grands noms du prêt-à-porter qui laissent leurs sous-traitants bafouer la liberté syndicale et le droit des salariés dans les pays où ils délocalisent leur coûteuse production.
dans l’hebdo N° 1038 Acheter ce numéro
Ralph Lauren, Prada, Pierre Cardin… Des noms familiers aux oreilles du consommateur, surtout pendant les soldes. La période des prix cassés ne dure que quelques semaines par an, mais l’industrie textile solde en permanence les conditions sociales d’une production largement délocalisée.
Ces trois griffes ont été successivement pointées du doigt par les ONG Peuples solidaires et le collectif De l’éthique sur l’étiquette. Le dernier signalement concerne Pierre Cardin (deux milliards d’euros de chiffre d’affaires), qui pinaille quand il s’agit de faire respecter la liberté syndicale chez ses sous-traitants. En Indonésie, un fabricant de lingerie de cette marque a licencié 446 salariés (sur 900 ouvriers) qui s’étaient mobilisés en faveur de leur représentant syndical.
Celui-ci avait été écarté de l’entreprise après avoir assisté à une formation juridique organisée par une fédération des syndicats indonésiens indépendants. Les salariés ont tenté de négocier, se sont mis en grève, mais n’ont récolté qu’intimidations, licenciements et répression policière. Comme souvent, la liberté syndicale est toujours la première attaquée, car « c’est le rempart pour que les autres droits ne soient pas violés » , explique Fanny Gallois, de Peuples solidaires. Du côté de Cardin, on s’en lave les mains. La marque fuit toute responsabilité en se cachant derrière un système de licences d’exploitation qu’elle vend à des hommes d’affaires, lesquels se débrouillent pour négocier un contrat au plus bas prix avec des fabricants à travers le monde. Aucun lien contractuel ne lie les fabricants qui exploitent leur main-d’œuvre à la marque commanditaire. C’est vrai que Pierre Cardin est un symbole du luxe, pas de la pauvreté…