Les nouvelles conditions d’Israël
Avant de conclure un éventuel cessez-le-feu, Israël hausse sans cesse le niveau de ses exigences.
Et demande maintenant la libération du soldat Gilad Shalit.
dans l’hebdo N° 1040 Acheter ce numéro
Selon une méthode déjà éprouvée, Israël n’en finit pas de hausser le niveau de ses exigences avant de conclure un éventuel cessez-le-feu avec le Hamas. Quelques jours auparavant, Israël exigeait la fin des tirs de roquettes sur les villes voisines de Sderot et Ashkelon, et « des progrès » dans les tractations en vue d’un échange de prisonniers. Dimanche soir, le Premier ministre, Ehud Olmert, a indiqué que la libération du soldat franco-israélien Gilad Shalit, capturé par le Hamas en juin 2006, prime désormais sur tous les autres objectifs que s’était fixés l’État hébreu : « En premier lieu, la libération de Gilad Shalit , a déclaré Ehud Olmert, deuxièmement, l’arrêt de la contrebande [d’armes] de l’Égypte vers la bande de Gaza, troisièmement, un cessez-le-feu total. » Du côté du Hamas, la principale condition, outre l’arrêt des raids aériens dans la bande de Gaza, reste l’ouverture de points de passage qui permettent de desserrer le blocus qui asphyxie ce territoire peuplé d’un million et demi de Palestiniens.
Cette surenchère israélienne résulte aussi de la confusion politique qui règne une semaine après les élections législatives. Avant sa déclaration publique, Ehud Olmert a en effet dû consulter, en plus de l’actuel gouvernement, le leader du Likoud, Benyamin Netanyahou, probable futur Premier ministre, qui pratique lui-même la surenchère. Mais, en conditionnant la conclusion d’une nouvelle trêve à la libération de Gilad Shalit, Israël risque aussi de devoir en payer le prix en libérant des centaines de prisonniers palestiniens, dont le chef du Fatah en Cisjordanie, Marwan Barghouti, condamné en juin 2004 à la prison à vie. Ironie du sort : si cette libération intervenait, ce serait le Hamas qui obtiendrait la libération du principal dirigeant du Fatah, l’homme que l’on dit capable de refaire l’unité palestinienne.