Un parc national peu protecteur

Le décret donnant naissance au Parc amazonien de Guyane n’est pas à la hauteur pour préserver la diversité biologique de la forêt et protéger les populations de l’orpaillage.

Patrick Piro  • 5 février 2009 abonné·es

Seul pays européen disposant d’un bout de forêt tropicale, la France s’était donné l’ambition d’en administrer les richesses de manière exemplaire quand, en 1992, François Mitterrand avait lancé l’idée du Parc amazonien de Guyane. Le décret de 2007 qui lui donne naissance est bien loin d’être à la hauteur, et sa charte a du mal à voir le jour. Il s’agissait de protéger la diversité biologique de la forêt (qui couvre près de 95 % du département, environ 8 millions d’hectares), l’une des mieux préservées du monde amazonien. Or, le financement de son recensement a été « oublié » (mais pas celui des sites aurifères, près de 45 millions d’euros ­d’investissement). Et les parties centrale et septentrionale de la Guyane, a priori les plus intéressantes, sont hors parc. Celui-ci couvre 3 millions d’hectares aux contours alambiqués et peu cohérents, principalement au sud.
Qu’en est-il de la protection des populations amérindiennes ? Hélas, une bonne partie de leur territoire n’est pas en « zone cœur » du parc, « intouchable », mais en zone « de libre adhésion », laissant le soin aux communes d’y décider certaines activités, comme l’orpaillage « légal ».
La tension est vive sur le territoire de Maripasoula, première commune de France en superficie, tenue par les Noirs marrons impliqués dans l’orpaillage et abritant des Amérindiens qui y sont hostiles (comme les Wayanas). Ces derniers réclament même le maintien du décret de 1970, qui définit une ligne Elahé-Camopi, au sud de laquelle l’accès est restreint, et ne sont évidemment pas satisfaits des trois places (sur 43) qui leur sont réservées au conseil d’administration du parc.
Les orpailleurs légaux s’en sortent bien, même si certains espaces convoités sont en « zone cœur ». Les orpailleurs clandestins, eux, ne se gêneront pas, ils sont déjà à l’œuvre dans certaines aires protégées, comme la réserve des Nouragues.

Écologie
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

Une proposition de loi surfe sur la colère agricole pour attaquer violemment l’environnement
Environnement 19 novembre 2024 abonné·es

Une proposition de loi surfe sur la colère agricole pour attaquer violemment l’environnement

Deux sénateurs de droite ont déposé une proposition de loi « visant à lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur ». Mégabassines, pesticides, etc. : elle s’attaque frontalement aux normes environnementales, pour le plus grand bonheur de la FNSEA.
Par Pierre Jequier-Zalc
« L’élection de Trump tombe à un très mauvais moment pour le climat »
Entretien 13 novembre 2024 abonné·es

« L’élection de Trump tombe à un très mauvais moment pour le climat »

Climatosceptique de longue date, Donald Trump ne fera pas de l’écologie sa priorité. Son obsession est claire : la productivité énergétique américaine basée sur les énergies fossiles.
Par Vanina Delmas
« Des événements comme la COP 29 n’apportent pas de transformations politiques profondes »
Entretien 8 novembre 2024 abonné·es

« Des événements comme la COP 29 n’apportent pas de transformations politiques profondes »

Le collectif de chercheurs Scientifiques en rébellion, qui se mobilise contre l’inaction écologique, sort un livre ce 8 novembre. Entretien avec un de leur membre, l’écologue Wolfgang Cramer, à l’approche de la COP 29 à Bakou.
Par Thomas Lefèvre
Clément Sénéchal : « Les gilets jaunes ont été le meilleur mouvement écolo de l’histoire récente »
Entretien 6 novembre 2024 libéré

Clément Sénéchal : « Les gilets jaunes ont été le meilleur mouvement écolo de l’histoire récente »

L’ancien chargé de campagne chez Greenpeace décrypte comment la complicité des ONG environnementalistes avec le système capitaliste a entretenu une écologie de l’apparence, déconnectée des réalités sociales. Pour lui, seule une écologie révolutionnaire pourrait renverser ce système. 
Par Vanina Delmas