Un parc national peu protecteur
Le décret donnant naissance au Parc amazonien de Guyane n’est pas à la hauteur pour préserver la diversité biologique de la forêt et protéger les populations de l’orpaillage.
dans l’hebdo N° 1038 Acheter ce numéro
Seul pays européen disposant d’un bout de forêt tropicale, la France s’était donné l’ambition d’en administrer les richesses de manière exemplaire quand, en 1992, François Mitterrand avait lancé l’idée du Parc amazonien de Guyane. Le décret de 2007 qui lui donne naissance est bien loin d’être à la hauteur, et sa charte a du mal à voir le jour. Il s’agissait de protéger la diversité biologique de la forêt (qui couvre près de 95 % du département, environ 8 millions d’hectares), l’une des mieux préservées du monde amazonien. Or, le financement de son recensement a été « oublié » (mais pas celui des sites aurifères, près de 45 millions d’euros d’investissement). Et les parties centrale et septentrionale de la Guyane, a priori les plus intéressantes, sont hors parc. Celui-ci couvre 3 millions d’hectares aux contours alambiqués et peu cohérents, principalement au sud.
Qu’en est-il de la protection des populations amérindiennes ? Hélas, une bonne partie de leur territoire n’est pas en « zone cœur » du parc, « intouchable », mais en zone « de libre adhésion », laissant le soin aux communes d’y décider certaines activités, comme l’orpaillage « légal ».
La tension est vive sur le territoire de Maripasoula, première commune de France en superficie, tenue par les Noirs marrons impliqués dans l’orpaillage et abritant des Amérindiens qui y sont hostiles (comme les Wayanas). Ces derniers réclament même le maintien du décret de 1970, qui définit une ligne Elahé-Camopi, au sud de laquelle l’accès est restreint, et ne sont évidemment pas satisfaits des trois places (sur 43) qui leur sont réservées au conseil d’administration du parc.
Les orpailleurs légaux s’en sortent bien, même si certains espaces convoités sont en « zone cœur ». Les orpailleurs clandestins, eux, ne se gêneront pas, ils sont déjà à l’œuvre dans certaines aires protégées, comme la réserve des Nouragues.