Francois Chérèque se fâche tout jaune
dans l’hebdo N° 1045 Acheter ce numéro
François Chérèque est ce cocasse barbichu qui depuis des années acquiesce à (presque) toutes les vilenies de la droite néolibérale (P« S » compris) au nom d’une « responsabilité » qui se résume pour l’essentiel, et pour ce que j’en ai compris, à ne jamais prononcer le mot « grève » – et qui depuis le début de l’année 2009 ne passe plus dix jours sans caqueter que Paris n’est pas (du tout) Pointe-à-Pitre, et qu’une grève générale serait la mère de toutes les abominations.
(Vade retro Domotas !)
Même les watussis du parc de Thoiry ont par conséquent
(et de très longue date) compris que le Medef et ses clients gouvernementaux n’avaient absolument rien à redouter du big boss de la CFDT, mais lui-même continue de se comporter comme s’il inspirait de la crainte à ses partenaires (prétendument) sociaux – au grand désarroi d’un corps médical impuissant à endiguer cette extravagance.
Vendredi 20 mars, par exemple – j’essaie de l’écrire sans pouffer : François Chérèque a lancé un ultimatum à François Fillon.
Le gouvernement, a-t-il déclaré, a « dix jours » pour apporter des réponses aux manifestant(e)s qui ont sagement défilé tout au long de la journée de mobilisation (JDM) du 19 mars, après avoir (non moins) sagement défilé tout au long de la JDM du 29 janvier.
En soi, déjà : c’est amusant – justement parce que François Chérèque a passé tellement de temps à donner des gages de soumission aux gens qu’il prétend maintenant intimider, que le monde entier sait qu’il est plus inoffensif qu’une carpe d’élevage.
Mais le plus hilarant est qu’il a d’ores et déjà prévenu qu’il ne va strictement rien se passer si le gouvernement refuse de se plier à son (burlesque) ultimatum.
Vous avez « dix jours » , a-t-il prévenu.
Et le onzième jour, on va se réunir, mes potes et moi. Et si vous n’avez pas répondu aux manifestants qui ont sagement défilé tout au long de la JDM de janvier, puis de la JDM de mars ? On sera trrrrrrès en colère ! Et là ? On les convoquera pour une troisième JDM ! Pas plus tard que le 1er mai ! (À condition, bien sûr, qu’on arrive à se mettre d’accord sur la date. Mes potes et moi.)
En somme, le gars, tout d’un coup, se fâche tout jaune, et glapit que si ça continue comme ça, ça va pas pouvoir continuer comme ça : de mon point de vue, ça risque d’être un peu insuffisant.
Ces lignes paraîtront le 26 mars – quatre jours avant l’expiration de l’ultimatum de François Chérèque : je ne voudrais pas me risquer à des pronostics hasardeux, mais je pressens confusément que le gouvernement ne se sera pas rendu.
Il va donc falloir que Fanfan la Barbiche change de méthode – ou que les salarié(e)s se trouvent des représentants moins excentriques. T’as quelque chose de prévu, pour les trois prochains mois, Élie Domota ?
Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.