Le paradoxe Hillary Clinton
La politique étrangère de la nouvelle administration américaine rompt radicalement avec celle de George Bush. Ira-t-elle au bout de la logique amorcée ?
dans l’hebdo N° 1043 Acheter ce numéro
Confier à Hillary Clinton le soin de négocier la volte-face de la politique américaine au Proche-Orient ne manque pas d’audace. L’ex-First Lady est réputée pour son tropisme pro-israélien. Après l’échec de Bill Clinton sur ce dossier, au lendemain de Camp David, en juillet 2000, elle n’a pas été la dernière à accabler les Palestiniens. Contre toute justice. On ne l’a pas beaucoup entendue non plus critiquer les partis pris de George W. Bush. La voilà en tout cas engagée dans une politique qui n’est pas la sienne, mais celle de Barack Obama. Avant d’imposer ses vues aux Israéliens, celui-ci devra donc convaincre sa secrétaire d’État. Et l’un et l’autre auront ensuite besoin de faire preuve de beaucoup de détermination pour obtenir le gel de la colonisation. Cela au moment même où Israël se prépare à construire 67 000 nouveaux logements pour colons en Cisjordanie. Face à des interlocuteurs irascibles, le tandem américain ne pourra pas faire l’économie d’une crise avec l’allié israélien. À moins qu’après quelques déclarations bravaches, la diplomatie américaine ne cède aux pressions de toutes sortes qui ne manqueront pas de s’exercer à la première escarmouche. Le premier test sérieux sera son attitude face au Hamas. Côté palestinien, on travaillait toujours lundi à un gouvernement d’union nationale. Dans cette perspective, le Premier ministre, Salam Fayyad, a présenté sa démission, qui deviendra effective dès la formation d’un nouveau gouvernement. Si ces tractations aboutissent, il reviendra alors aux États-Unis de reconnaître une équipe qui comprendra forcément plusieurs responsables du Hamas. Barack Obama, qui s’est déclaré prêt à négocier en Afghanistan avec « certains talibans modérés » pour isoler Al-Qaïda, ne devrait pas regimber devant des contacts avec le Hamas. Surtout sous le couvert d’un « gouvernement palestinien ». C’est le courage minimum qu’on attend de lui.