L’échec de la guerre à la drogue
À la veille d’un nouveau sommet de l’ONU sur les drogues, des associations françaises appellent
à une politique moins répressive.
dans l’hebdo N° 1044 Acheter ce numéro
En 1998, l’ONU se donnait dix ans pour éradiquer la production des drogues illicites. Dix ans plus tard, à l’heure d’une nouvelle réunion de l’organisation, à Vienne, du 11 au 20 mars, [^2] que font plusieurs associations françaises de réductions des risques liés à l’usage de drogues ou de lutte contre le sida, dont Asud (Auto-support des usagers de drogues), le Circ (Collectif d’information et de recherche cannabique), Act Up-Paris, l’Anitea (Association nationale des intervenants en toxicomanie et addictologie) ou l’AFR (Association française de réduction des risques), avec le soutien des Verts. Une délégation de celles-ci devait se rendre à Vienne afin de faire entendre une autre voix, fondée sur l’écoute des usagers, proposant une politique plus raisonnée en matière de drogues, privilégiant la réduction des risques et l’éducation à la santé.
Anne Coppel, présidente d’honneur de l’AFR, rappelait qu’une « politique efficace ne peut se faire qu’avec les gens et non contre eux : en Hollande, où le cannabis est en vente contrôlée, 14 % des jeunes ont essayé ce produit, alors qu’en France nous atteignons le chiffre de 50 %… » Aussi, il s’agit pour ces militants d’inventer de nouveaux modes de gestion face aux drogues, produits dangereux, au lieu du « bâton » de la prohibition, qui remplit les prisons et propage des produits non contrôlés et souvent frelatés.
En effet, la situation a largement empiré puisque les surfaces cultivées d’opium, de coca ou de cannabis ont augmenté sur la planète, accroissant l’enrichissement des mafias et la corruption. Rappelant l’échec de la prohibition de l’alcool aux États-Unis dans les années 1920 et 1930, ces associations ont appelé à tirer le bilan « catastrophique » de l’interdiction, comme les États-Unis du président Roosevelt l’avaient fait à l’époque.
[^2]: De même, la Commission européenne, dans un rapport du 10 mars, écrit : « La majorité des dommages observés proviennent des politiques menées plutôt que des drogues elles-mêmes. »