Premiers succès, premiers élargissements

Le meeting de lancement du Front de gauche, dimanche à Paris, a rempli le Zénith. Mais il manque encore des cultures et des traditions militantes à l’appel.

Michel Soudais  • 12 mars 2009 abonné·es

Les sceptiques ont perdu une raison de douter. Dimanche, le Front de gauche initié par le Parti communiste et le Parti de gauche (PG) a réussi son lancement. Rassembler près de 6 000 personnes à trois mois des élections européennes constitue en soi un événement politique. « C’est parti pour une belle aventure commune pour changer la France, pour changer d’Europe » , s’est félicité Marie-George Buffet. « Le Front de gauche est né, il existe » , s’est réjoui Jean-Luc Mélenchon, appelant à le développer afin qu’il devienne « un front populaire majoritaire, à la base et au sommet ».
Si les organisateurs ont critiqué le refus du NPA de les rejoindre, ils se sont félicités en revanche de l’engagement de Christian Picquet à leurs côtés. Très applaudi, l’animateur du courant Unir de l’ex-LCR a regretté qu’ « il manque encore des cultures, des traditions, des expériences militantes » . Avant de lancer un ultime appel à ses camarades du NPA, n’osant « imaginer qu’ils iront jusqu’au bout d’une logique de division de la gauche de transformation ».

À en croire les organisateurs, ce ralliement d’une minorité du NPA n’est pas le seul élargissement. « Dans les départements, nous voyons déjà des associations politiques venir se joindre au comité d’initiatives du Front de gauche », a assuré Jean-Luc Mélenchon, citant notamment l’Alternative démocratie socialisme (ADS), une formation limousine présidée par l’ancien ministre communiste Marcel Rigout et une des sept composantes de la Fédération pour une alternative sociale et écologique. Un processus que le leader du PG souhaite « contagieux » et veut ouvrir aux citoyens à travers la constitution de comités de soutien au Front de gauche.
Convaincu de l’urgence d’entrer en campagne, le « front » a déjà dévoilé la plupart de ses têtes de liste : le directeur de l ’Humanité, Patrick Le Hyaric (Île-de-France), l’eurodéputé et ex-maire communiste de Calais Jacky Hénin (Nord-Ouest), la sénatrice et maire PCF de Saint-Pierre-des-Corps, Marie-France Beaufils (Centre), l’économiste membre du PG Jacques Généreux (Ouest) et Jean-Luc Mélenchon (Sud-Ouest). Mais deux circonscriptions ne sont pas encore pourvues, en prévision d’éventuelles alliances avec le MRC de Jean-Pierre Chevènement et surtout les Alternatifs, à qui l’Est a été proposé.

Ces derniers sont aussi courtisés par le NPA, qui leur offre une tête de liste dans l’Ouest. La formation d’Olivier Besancenot, intransigeante sur « l’indépendance vis-à-vis du PS » dans ses discussions avec le PCF et le PG, ne semble pas s’offusquer que des Alternatifs de cette région soient associés au PS dans des majorités locales, notamment à Nantes, la ville de Jean-Marc Ayrault. La direction des Alternatifs, réunie ce week-end, a demandé à ses militants de choisir entre ces deux options ou, autre solution, une non-participation à la campagne. Une position motivée par « l’absence d’unité large » et qu’entretient le refus du PCF de discuter avec la Fédération, dont les Alternatifs sont membres.

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