Sarkozy, grosse fatigue
L’impopularité du chef de l’Etat n’a jamais été aussi forte, à gauche mais aussi à droite, dans un contexte économique et social déplorable.
dans l’hebdo N° 1042 Acheter ce numéro
Cet engagement-là, du moins, aura été tenu : vingt-deux mois après son élection, Nicolas Sarkozy est plus que jamais l’homme de la rupture. Avec l’opinion publique. Plombé par une exceptionnelle impopularité, lui-même doit en convenir – qui prétend « assumer » ce désamour : le contrat de confiance signé en mai 2007 est caduc. Trop de promesses, il est vrai, n’ont, elles, pas été tenues – à commencer par celle qu’il serait « le président du pouvoir d’achat » , et qu’il suffirait, dans sa France d’après, de « travailler plus pour gagner plus » . La réalité est tout autre : les salariés expérimentent au quotidien, sur fond de plans sociaux à répétition, que « les caisses sont vides » (sauf, semble-t-il, pour le patronat) et que seuls les plus nantis tirent leur épingle du jeu – dorlotés par un gouvernement qui n’a de cesse que de leur confectionner, de « paquet fiscal » en suppression de la taxe professionnelle, de ces cadeaux qui, dit-on, entretiennent l’amitié… Prendre aux pauvres pour donner aux riches : telle semble être au fond la philosophie économique et sociale d’un règne qui promettait pourtant de choyer « tous les Français ».
Puis trop d’arrogances ont fini par incommoder jusqu’à certains partisans du chef de l’État : à trop multiplier les passages en force, jusqu’à la paroxystique affaire Pérol, où il a menti avec un aplomb phénoménal, il a fini par donner l’impression de faire du trampoline sur les fondements de la démocratie.
La vive sympathie qu’ils témoignent dans les sondages aux grévistes guadeloupéens, et qui transcende les clivages politiques, est un signal on ne peut plus fort de l’exaspération des Français
– que stupéfient l’inertie, dans ce dossier, du chef de l’État et son refus de se rendre à Pointe-à-Pitre, quand le moindre fait-divers de province le fait accourir ventre à terre…
Claquemuré derrière les épaisses haies policières qui sécurisent désormais ses déplacements, Sarkozy a perdu la main : sa parole d’ex-champion de la communication n’est plus audible, et son interventionnisme, signe, naguère, de dynamisme, passe maintenant pour de l’agitation. Les masques tombés, la magie n’opère plus : il y a péril en la demeure élyséenne.
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