Sélection télé
dans l’hebdo N° 1042 Acheter ce numéro
Samedi 7 mars
Main basse sur l’île d’Yeu
France 3 Ouest, 15 h 50
Si la petite île s’est longtemps adossée, exclusivement même, à une économie
de la pêche, les municipalités successives ont favorisé les mannes financières du tourisme. Résultat, les maçons ont remplacé les marins. L’île s’est prostituée, vendue aux promoteurs immobiliers.
Dimanche 8 mars
Être femme
Arte, 20 h 45
Soirée thématique rebondissant sur
la Journée internationale de la femme avec un documentaire de Diana Fabianova consacré aux règles, l a Lune en moi.
Il est précédé par un film de Claude Chabrol, Une affaire de femmes, centré sur le personnage de Marie Latour (interprétée par Isabelle Huppert), faiseuse d’anges, affranchie
de la servitude conjugale et rattrapée
par l’administration vichyste.
Un drame cinglant où l’intime cède
à l’universelle vacherie.
Mardi 10 mars
Pain, pétrole et corruption
Arte, 20 h 45
Au départ, il s’agit de satisfaire les besoins humanitaires de la population irakienne soumise à un embargo depuis l’invasion du Koweït en 1990. Six ans plus tard, donc, l’ONU lance un programme baptisé « Pétrole contre nourriture », censé permettre à l’Irak de vendre une quantité limitée de son pétrole et d’acheter en échange nourritures et médicaments.
En sept ans, le programme a brassé quelque cent milliards de dollars.
En janvier 2004, un journal irakien
publiait la liste des personnalités et
des entreprises qui avaient croqué dans
le gâteau, à coups de pots-de-vin.
Denis Poncet et Rémy Burkel reviennent sur ce scandale sans trop de conséquences procédurières pour les pilleurs, entre documents inédits, archives et entretiens avec les acteurs directs. Quand l’humanitaire se cogne
aux rapaces financiers, c’est le peuple irakien qui dérouille.
Mardi 10 mars
L’Enfer des anges
France 2, troisième partie de soirée
Dans le cadre d’un « Ciné-club » consacré à l’enfance, le film de Christian-Jaque (1939) se veut un portrait du sous-prolétariat de la fin des années 1930, quand, dans la boue des faubourgs, des enfants livrés à eux-mêmes tombent dans la délinquance.
Mercredi 11 mars
Milice, film noir
Arte, 20 h 45
Sur la voix de Michel Bouquet, nourri d’archives rares et de témoignages directs, ce film de Charles Chaboud et Bernard Cohn retrace l’histoire de la Milice à travers les trajectoires d’anciens miliciens et de résistants. « Mon honneur s’appelle fidélité » : telle était la devise des miliciens, à l’instar des Waffen SS, récitée au lendemain de la Grande Guerre. Avec un Joseph Darnand soldat volontaire en 1916. Après la boucherie, l’extrême droite prospère dans le milieu des anciens combattants. Le fascisme italien est un exemple, les antirépublicains et les antidémocrates s’additionnent, se multiplient dans les ligues. Ici, les Croix de feu du colonel de la Roque, les Camelots du roi de Charles Maurras (défilant avec des chants de haine et une canne plombée). Là, enfin, la Cagoule, organisation secrète constituée de civils d’extrême droite. À l’imitation de Franco, en Espagne, elle prépare un putsch. En attendant, elle vaque aux attentats, cible les antifascistes.
Du travail récompensé en armes par les laquais de Mussolini. Pour ces gouapes, la guerre déclarée en 1939 est une aubaine. La raclure se sent pousser des ailes, ragaillardie par les eaux de Vichy. Les attaques sur le front de l’Est enthousiasment les ultras. Au premier rang, le PPF de Doriot, légion de volontaires français en uniforme allemand prêtant serment devant le führer. Dans l’esprit, la Milice se fait le prolongement du scoutisme intégré à l’ordre nouveau : contre la démocratie, pour l’autorité ; contre la lèpre juive, pour la pureté française ; contre l’anarchie, pour la discipline. À mi-chemin d’un documentaire très pédagogique, les réalisateurs citent quelques lignes du journal de Léon Werth : « Nous savions seulement que la France était vaincue. Et quelle que pût être la mutilation imposée par l’Allemagne, nous n’imaginions pas que la France, une partie de la France au moins, travaillerait elle-même à se mutiler, prendrait contre elle-même le parti du vainqueur. » De fait, ça dénonce, ça arrête, ça déporte, dépasse le cadre de la Collaboration. Un tableau de crevures qui prendront la fuite après le 6 juin 1944.
Parallèlement à cette diffusion, les éditions Montparnasse réunissent deux films d’André Halimi, l a délation sous l’Occupation et Chantons sous l’Occupation, qui disent la complexité des comportements français de l’époque. Le premier reprend les vocations assassines de plus de trois millions de délateurs, le second revient sur la présence de l’armée allemande dans les salles de spectacle, distraite et amusée par les comédiens français.