La voix de son maître

La perspective de la présidence de Radio France a commencé pour Jean-Luc Hees. Sur fond de rumeurs autour de Philippe Val pour France Inter.

Jean-Claude Renard  • 16 avril 2009 abonné·es
La voix de son maître

À l’occasion de la mise en place de la réforme audiovisuelle publique, avec le pouvoir de nomination et de révocation pour le président de la République, Jean-Luc Hees est donc le premier, choisi par Nicolas Sarkozy, à entamer cette petite course à étapes, d’une audition l’autre, avant d’occuper la tête de peloton. En l’occurrence, la tête de Radio France. Poste à pourvoir à la mi-mai. En guise de prologue, Jean-Luc Hees a été entendu ce mardi 7 avril par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA). Hasard du calendrier, l’audition s’est tenue tandis que Radio France était en grève contre la renégociation de sa convention collective. Ce sera le premier dossier que le futur patron aura à régler. Hees a mis en avant sa connaissance de la maison ronde (où il est entré en 1972, avant d’être correspondant à Washington et d’occuper le journal de 13 heures).

Peu importe son absence de projets, sinon le redressement de France Musique en termes d’audience, puisque, selon lui, « l’essentiel de l’activité radiophonique se trouve dans les contenus » , et peu importe qu’il n’entende pas grand-chose aux nouvelles technologies, ni au web ni à la radio numérique, quand l’époque s’y prête et l’exige. Michel Boyon, ­président du CSA, a beau dire que son collège « n’a pas le doigt sur la couture du pantalon » , l’examen est sans enjeu pour une personnalité nommée puis postulant (et non l’inverse). Cela dit, réduit à une fonction d’apparat, le CSA va trouver de quoi s’occuper a minima puisque le lendemain de cette âpre et délicate « soutenance », le mercredi 8 avril, le Conseil d’État lui ordonnait de ­tenir compte du temps de parole présidentiel pour le respect du pluralisme politique (cuisant revers pour le CSA, qui avait refusé cette demande du groupe socialiste).

Après cet avis naturellement conforme du CSA, restent à venir pour Jean-Luc Hees les auditions devant les commissions culturelles de l’Assemblée et du Sénat. La même routine est attendue, qui a tout l’intérêt de souligner, de préfigurer la prochaine nomination du président de France télévisions. Aval du CSA ou pas, aval des commissions parlementaires ou pas, ces prétendus garde-fous dans le pouvoir de nomination. Dans le porte-bagages de Jean-Luc Hees et au fil des auditions, rien n’est confirmé sur l’arrivée de Philippe Val à la direction de France Inter. Ni confirmation ni démenti. L’autre est bien l’ami de l’un. Et l’autre (également proche de Carla Bruni-Sarkozy) s’est dit intéressé, même si « ce n’est pas d’actualité » (le même sans doute ravi et étonné de passer encore pour un homme de gauche ou d’être considéré comme la nouvelle prise à gauche de Nicolas Sarkozy). Dans moins d’un mois, l’affaire sera entendue. Rien ne sert de courir. S’agit de partir à point. Surtout pour un opportuniste homme de réseaux. En attendant, Stéphane Guillon et Didier Porte courent toujours. Jusqu’à quand ?

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