Lidl cultive le flou
Lidl France va lancer sa marque équitable avec Max Havelaar. Sans transparence. A lire aussi (en accès libre) sur les conditions de travail dans l’enseigne : «Lidl : le salaire de la peur».
dans l’hebdo N° 1049 Acheter ce numéro
Le hard discounter l’avait osé en Allemagne, en Belgique et en Grande-Bretagne. Les filiales françaises s’y mettront à leur tour, d’ici à l’été, avec Max Havelaar France. Lidl, sans l’annoncer officiellement, mettra en rayon sa gamme de produits équitables estampillés Max Havelaar. Le nom de la marque relève de l’hyperbole publicitaire : Fairglobe.
Lidl se contentera de quelques produits alimentaires devenus des classiques : café, thé, chocolat, sucre de canne… avec des conditionnements en gros volumes, comme le café vendu en paquets de 500 grammes. C’est du moins ce qui se passe dans les autres pays, car Lidl France n’a rien dévoilé des détails sur les filières et la commercialisation. Tout comme en Belgique, où Lidl commercialise Fairglobe depuis l’été 2008.
Les coopératives de producteurs sont certes connues (parfois cinq coopératives pour fournir un produit), mais jusqu’à la mise en rayon, c’est le black-out. S’agit-il d’achat direct au producteur ? Lidl passe-t-il par un trader ? Quelle est la durée du contrat d’approvisionnement ? En France, « les produits ne sont pas encore finalisés » , répond sommairement Jérôme Gresland, responsable des achats. Outre-quiévrain, Lidl nous a fait répondre par Max Havelaar Belgique, devenu auxiliaire de communication : « Chaque pays d’achat adapte sa chaîne en fonction du marché. » On repassera pour la transparence dans le commerce équitable.
Tandis que la PFCE constate, par la voix de son président Georges d’Andlau, que « l’augmentation des ventes en grandes surfaces impose de travailler à une charte de bonne conduite et à l’engagement de différentes actions pour faire respecter les fondamentaux du commerce équitable » , Max Havelaar n’a pas eu plus de scrupules à nouer des relations avec l’emblème du hard discount.
Lidl a pourtant été épinglé à plusieurs reprises pour des faits d’espionnage et de pression sur ses salariés. Début avril, le magazine allemand Spiegel a mis au jour une pratique de fichiers sur l’état de santé des salariés allemands du hard discounter. Quant aux relations fournisseurs, le distributeur ne dispose pas de code de bonne conduite. Il fait partie de la Business Social Compliance Initiative (BSCI), une réunion d’entreprises de la grande distribution critiquée pour ne pas envisager une attitude positive face aux syndicats.
Selon Jérôme Gresland, Lidl a accompli 3 000 audits sociaux ces trois dernières années : « Si, au bout de deux mois, les progrès ne sont pas enregistrés, nous arrêtons la relation avec le fournisseur. » Une radicalité invérifiable qui ne rassure pas sur la capacité de dialogue de l’enseigne.