Refus de collaborer
dans l’hebdo N° 1050 Acheter ce numéro
« En conscience, nous refusons d’obéir ! » Tel est le leitmotiv de près de 3 000 enseignants du primaire en résistance pédagogique aux « réformes » de Xavier Darcos. Nouveaux « vieux » programmes favorisant les automatismes au détriment de la réflexion des élèves, évaluations nationales sous forme de tests préparant la mise en concurrence des écoles, dispositif d’aide personnalisée hors temps scolaire entérinant la perte de deux heures de classe pour tous les élèves, mise en place du fichier de contrôle social Base élèves… Les enseignants désobéisseurs utilisent toutes les prises possibles pour ne pas collaborer à des dispositifs qui conduisent au démantèlement et à la privatisation de l’Éducation nationale.
Ils s’affichent au grand jour en informant par lettre leur hiérarchie de leur action de désobéissance. Celle-ci est publique, assumée et motivée en conscience, ce qui permet de la différencier de la désobéissance dite « délinquante » et de contrer les tentatives de criminalisation par le pouvoir. Face à ce mouvement inédit de résistance, les inspections académiques sont dans l’embarras. Certaines ferment les yeux, d’autres sanctionnent par des retraits de salaire. Dans tous les cas, en refusant le dialogue, elles avouent leur impuissance.
Les désobéisseurs subissent régulièrement pressions, visites d’inspecteurs, menaces et parfois sanctions. Mais la répression s’avère inefficace puisque la désobéissance continue grâce à la mise en place de caisses de solidarité. Dans notre « Appel du 21 avril » à l’insurrection non-violente de la société civile, nous pressons les syndicats de reprendre à leur compte le mot d’ordre de la désobéissance en tant qu’action radicale et constructive, pour faire échec aux lois qui déconstruisent le service public d’éducation. Il est en effet grand temps de renouveler notre logiciel de résistance sociale face à un pouvoir autoritaire et autiste qui s’accommode trop bien des jours de grève sans lendemain.