Touches d’ailleurs

Deux révélations du piano en concert : Vijay Iyer
et Tigran Hamasyan.

Denis Constant-Martin  • 23 avril 2009 abonné·es

Tous deux considérés comme des découvertes récentes, les pianistes Vijay Iyer et Tigran Hamasyan n’ont pas suivi la même trajectoire. Le premier, fils d’immigrants indiens, est né aux États-Unis ; intellectuel brillant, il est réputé comme musicien mais aussi comme chercheur. Le second est né en Arménie ; en grande partie autodidacte, il se fit connaître en 1998 au premier festival de jazz d’Erevan et commença à tourner en Europe au début des années 2000.
Vijay Iyer et Tigran Hamasyan proposent, chacun à sa manière, une nouvelle approche du clavier qui doit aux musiques qu’ils ont entendues dans leur jeunesse, mais n’en est pas prisonnière. Un nuage d’Inde s’entend chez Vijay Iyer, dans les mélodies, les brisures rythmiques, mais c’est l’ombre de McCoy Tyner qui porte le plus sur sa musique. Pour Tigran Hamasyan, le point de départ semble être Thelonius Monk, mais un Monk exultant aux parfums arméniens.
Iyer et Hamasyan se caractérisent par leur travail sur le timbre, dans l’épaisseur chez le premier, dans les couleurs (avec l’aide de l’électronique) pour le second, et mettent en valeur la nature percussive du piano. Vijay Iyer explore la substance de la musique (souvent avec la complicité du saxophoniste Rudresh Mahanthappa), quand Tigran Hamasyan l’utilise pour s’envoler ; d’une certaine façon, ils se complètent bien.

Culture
Temps de lecture : 1 minute