« Clara », piètre partition
Une comédienne remarquable pour un film sans génie.
dans l’hebdo N° 1052 Acheter ce numéro
Clara Schumann, sujet récurrent pour les féministes et les mélomanes. Est-ce en féministe ou en mélomane qu’Helma Sanders-Brahms s’empare de son personnage ? Hélas, Clara ne permet pas de trancher la question, tant il reste en deçà de ses potentialités. Une femme dirige-t-elle un orchestre, fait extraordinaire pour le milieu du XIXe siècle ? Elle est montrée en maîtresse d’école qui dompte le petit monde des musiciens par des arguments bien sages, et, quand elle les conduit, c’est à la comédienne de porter seule, dans un pauvre jeu de champs-contrechamps, toute la force et l’impétuosité de sa charge.
Clara Schumann a un mari génial, Robert, dont l’on retiendra surtout les grimaces de Pascal Greggory. Sa première apparition à l’écran montre déjà la maladie (il finira dans un asile), et raconte en un mot l’histoire du film (il perd sa bague, dont se saisit un jeune homme…). Ligne de jeu constante, donc, pour un personnage pourtant complexe que la maladie rend tyrannique et qui confiera sa femme qu’il adore à un jeune musicien talentueux.
On ne peut en vouloir à Pascal Greggory de la linéarité du scénario, ni à Malik Zidi, improbable Johannes Brahms, d’avoir été choisi à contre-emploi. Ce dernier est plus convaincant en amoureux de Clara et ami de ses enfants qu’en compositeur génial. Dommage, car l’histoire de cette femme en charge de famille, compositrice sacrifiée entre un époux malade mais aimé et un jeune homme épris, tous trois réunis dans la musique, garde encore aujourd’hui une charge sulfureuse. Reste, toutefois, une comédienne remarquable, Martina Gedeck, qui porte sur ses épaules un film qu’elle parvient à rendre humain et sensible.