Historienne de niveau 9 sur l’échelle de Réac
dans l’hebdo N° 1051 Acheter ce numéro
Lorsqu’elle ne déplore pas, comme elle fit publiquement au mois de novembre 2005, qu’on ne puisse plus tranquillement compter « cinq Juifs ou dix Noirs à la télévision » sans aller tout de suite « en prison [^2]» , et quand elle ne fustige pas (comme elle fit le même jour) la pandémique polygamie des Nègres des banlieues, Hélène Carrère d’Encausse, historienne prédictive [^3] et intellectuelle de niveau 9 sur l’échelle de Réac, donne son avis sur le moyen de « sauver l’université française» , puis sur la nocivité de l’assistanat social : c’était ce dimanche (3 mai) dans le Journal du même nom, qui a servilement religieusement recueilli sa grotesque péroraison.
Du point de vue d’Hélène Encausse, et à s’en tenir à sa divagation dominicale, « la crise de l’université » (comme dit le Journal du dimanche ) se résume à une série de « troubles » nés de rien, et que rien, par conséquent, n’explique : « les étudiants » et « les professeurs » des facs sont pris, estime-t-elle, dans « une dynamique infernale qui échappe à tout le monde » , et donc au (bon gros bon) sens commun – c’est pas vrai, mâme Dupont, que vous y comprenez rien, à ces « troubles » ?
Orwellienne décomplexée, l’historienne à oracles s’épargne par ces mots la (rude) souffrance d’avoir à mentionner que, dans la vraie vie, la mobilisation des « étudiants » et de leurs «professeurs », loin d’être l’espèce de folie collective qu’elle suggère par un vocabulaire choisi, est la (seule) réponse (possible) aux plans de privatisation de l’université que fomente le gouvernement
– et cet évitement, il va de soi, ne doit rien au hasard, puisque aussi bien elle finit par coucouanner que Valérie Pécresse a totalement « raison de tenir sur l’autonomie des universités » , car cette mise à l’encan « est un point fondamental qu’il faut sauver à tout prix [^4]» .
Au reste, plus généralement, Hélène Encausse juge qu’il serait tout de même temps de libérer la France de son carcan collectiviste, car « dans nos rapports sociaux, nous sommes aujourd’hui sur des rapports de proximité, de compassion, d’empathie », des trucs de filles, quoi, et, naturellement, « c’est très bien cette forme d’assistanat social » . Non, vraiment, sur le papier, c’est hypersympa. « Mais » , problème : « Cela ne forme pas des citoyens. » (Mais bien, plutôt, des parasites – chacun(e) l’aura compris.)
Conclusion de l’historienne: « Il faut tout repenser. » Et puisque la proximité, la compassion et l’empathie sont de l’assistanat (on dirait un slogan de l’Angsoc)? Plutôt que de nous entrassister, déchirons-nous les un(e)s les autres – et vive la concurrence, libre, non faussée.
[^2]: Je vous le dis, mâme Dupont : la tyrannie antiraciste commence à me galoper sur l’intestin grêle.
[^3]: Elle a prévu naguère qu’après l’hiver viendrait le printemps ; qu’à trop aller à l’eau nombre de cruches (à la fin) casseraient ; et que l’URSS succomberait sous la pression démographique de ses républiques musulmanes – car le mahométan se multiplie, c’est bien connu, comme un lapin.
[^4]: Ne serait-ce que parce que si les facs étaient enfin des lieux marchands comme les autres, les enseignant(e)s « se prendraient par la main et accepteraient de travailler tout l’été », agasse Hélène Encausse : voilà qui a du moins le mérite de préparer le corps enseignant à ce qui l’attend s’il n’empêche pas l’autonomie des universités.
Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.