Historienne de niveau 9 sur l’échelle de Réac

Sébastien Fontenelle  • 7 mai 2009 abonné·es

Lorsqu’elle ne déplore pas, comme elle fit publiquement au mois de novembre 2005, qu’on ne puisse plus tranquillement compter « cinq Juifs ou dix Noirs à la télévision » sans aller tout de suite « en prison  [^2]» , et quand elle ne fustige pas (comme elle fit le même jour) la pandémique polygamie des Nègres des banlieues, Hélène Carrère d’Encausse, historienne prédictive [^3] et intellectuelle de niveau 9 sur l’échelle de Réac, donne son avis sur le moyen de « sauver l’université française» , puis sur la nocivité de l’assistanat social : c’était ce dimanche (3 mai) dans le Journal du même nom, qui a servilement religieusement recueilli sa grotesque péroraison.

Du point de vue d’Hélène Encausse, et à s’en tenir à sa divagation dominicale, « la crise de l’université » (comme dit le Journal du dimanche ) se résume à une série de «  troubles » nés de rien, et que rien, par conséquent, n’explique : « les étudiants » et « les professeurs » des facs sont pris, estime-t-elle, dans « une dynamique infernale qui échappe à tout le monde » , et donc au (bon gros bon) sens commun – c’est pas vrai, mâme Dupont, que vous y comprenez rien, à ces « troubles »  ?

Orwellienne décomplexée, l’historienne à oracles s’épargne par ces mots la (rude) souffrance d’avoir à mentionner que, dans la vraie vie, la mobilisation des «  étudiants » et de leurs «professeurs », loin d’être l’espèce de folie collective qu’elle suggère par un vocabulaire choisi, est la (seule) réponse (possible) aux plans de privatisation de l’université que fomente le gouvernement
– et cet évitement, il va de soi, ne doit rien au hasard, puisque aussi bien elle finit par coucouanner que Valérie Pécresse a totalement « raison de tenir sur l’autonomie des universités » , car cette mise à l’encan «  est un point fondamental qu’il faut sauver à tout prix [^4]» .

Au reste, plus généralement, Hélène Encausse juge qu’il serait tout de même temps de libérer la France de son carcan collectiviste, car «  dans nos rapports sociaux, nous sommes aujourd’hui sur des rapports de proximité, de compassion, d’empathie », des trucs de filles, quoi, et, naturellement, « c’est très bien cette forme d’assistanat social » . Non, vraiment, sur le papier, c’est hypersympa. « Mais » , problème : « Cela ne forme pas des citoyens. » (Mais bien, plutôt, des parasites – chacun(e) l’aura compris.)
Conclusion de l’historienne: « Il faut tout repenser. » Et puisque la proximité, la compassion et l’empathie sont de l’assistanat (on dirait un slogan de l’Angsoc)? Plutôt que de nous entrassister, déchirons-nous les un(e)s les autres – et vive la concurrence, libre, non faussée.

 

[^2]: Je vous le dis, mâme Dupont : la tyrannie antiraciste commence à me galoper sur l’intestin grêle.

[^3]: Elle a prévu naguère qu’après l’hiver viendrait le printemps ; qu’à trop aller à l’eau nombre de cruches (à la fin) casseraient ; et que l’URSS succomberait sous la pression démographique de ses républiques musulmanes – car le mahométan se multiplie, c’est bien connu, comme un lapin.

[^4]: Ne serait-ce que parce que si les facs étaient enfin des lieux marchands comme les autres, les enseignant(e)s « se prendraient par la main et accepteraient de travailler tout l’été », agasse Hélène Encausse : voilà qui a du moins le mérite de préparer le corps enseignant à ce qui l’attend s’il n’empêche pas l’autonomie des universités.

Publié dans
De bonne humeur

Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.

Temps de lecture : 3 minutes