Les salariés malades de la crise

Un rapport européen pointe l’impact des restructurations d’entreprises sur la santé des travailleurs. L’Organisation mondiale de la santé redoute une catastrophe épidémiologique.

Thierry Brun  • 7 mai 2009 abonné·es

Ce pourrait être une critique à peine voilée de la « Stratégie de Lisbonne », dont l’objectif est, depuis bientôt dix ans, de faire de l’Union européenne l’économie la plus compétitive et la plus dynamique du monde. Le rapport Hires (Health in restructuring) sur les restructurations d’entreprises, réalisé par 13 chercheurs européens et présenté le 30 avril à Lyon lors d’un séminaire organisé notamment par l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact), révèle un aspect moins reluisant de cette stratégie, surtout en période de crise économique. Premier du genre, ce rapport constate que les ­restructurations ont un impact majeur sur la santé des salariés, qui se dégrade aussi bien sur le plan physique que psychologique. Et les effets de la crise économique peuvent se révéler désastreux. Pour les uns : le chômage partiel ou total, voire l’exclusion. Pour les autres : encore plus d’intensification du travail avec des conséquences en termes de stress, de troubles musculo-squelettiques ou d’accidents du travail.

« L’Organisation mondiale de la santé parle de la crise comme d’une catastrophe épidémiologique majeure. Elle va se traduire par une augmentation forte du stress, des dépressions, des troubles cardio-vasculaires, des comportements addictifs et, au sommet de l’iceberg, de la mortalité et des suicides », souligne Claude-Emmanuel Triomphe, de l’Association travail emploi Europe société (Astrees), coorganisatrice du séminaire.
« Il apparaît clairement que des mesures peuvent être prises par les employeurs et par d’autres acteurs sociaux pour atténuer les effets négatifs de la restructuration sur la santé des salariés, et même pour aider ces derniers, leur employeur et la communauté » , préviennent les chercheurs, qui mettent en cause la responsabilité sociale des entreprises.

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