Sus à la répartition
Comme le Medef, Brice Hortefeux est favorable au relèvement de l’âge de la retraite.
dans l’hebdo N° 1057 Acheter ce numéro
Le débat sur les retraites a été fort opportunément relancé par Brice Hortefeux lors de l’émission « Dimanche soir politique » (France Inter-iTélé- Le Monde ), le 14 juin. Le ministre du Travail a présenté les « pistes » pour renflouer la branche retraite de la Sécurité sociale et n’a pas caché sa préférence, comme le Medef, pour un relèvement de l’âge de la retraite, « comme ont fait les Allemands, qui l’ont échelonné jusqu’à 67 ans » (l’âge légal de départ à la retraite est actuellement fixé à 60 ans en France). L’annonce eut lieu la veille de la remise du rapport au gouvernement de la commission des comptes de la Sécurité sociale, qui a prévu un déficit de 7,7 milliards d’euros de la branche retraite pour 2009.
Brice Hortefeux a aussi puisé son inspiration dans la lettre du Conseil d’orientation des retraites (COR), publiée deux jours avant sa médiatique intervention. Le COR indique qu’en France seulement 38,2 % des 55-64 ans sont en activité alors qu’ils sont 53,8 % en Allemagne, 58,2 % au Royaume-Uni et même 70,3 % en Suède. Des chiffres à relativiser, puisque le niveau des pensions des retraités britanniques, entre autres, est très faible et les oblige à accepter des petits boulots jusqu’à 70 ans… En France, les incitations pour des départs anticipés se multiplient, et les entreprises n’ont de cesse de se débarrasser de leurs salariés vieillissants. La très grande majorité des salariés du secteur privé (60 % selon le COR) n’ont aucune possibilité de choisir de rester au travail ou de partir en retraite pour la bonne et simple raison qu’ils sont au chômage, en maladie ou en invalidité. La mesure envisagée par le gouvernement n’aurait pour conséquence que de baisser le niveau des pensions.
Le relèvement de l’âge légal de la retraite « n’est pas une question taboue », a pourtant soutenu François Fillon, confortant ainsi Brice Hortefeux. Le coup de sonde gouvernemental prépare la prochaine négociation programmée en février 2010, au moment de la remise d’un rapport du Conseil d’orientation des retraites. En clair, le cap libéral est réaffirmé alors que les précédentes réformes ne sont pas parvenues à redresser le système de retraites par répartition. Pour affaiblir le système, le gouvernement rejette l’idée d’augmenter le niveau des cotisations, en particulier patronales, qui permettrait de financer l’actuel régime. Et atteindre l’équilibre financier n’est pas un problème si l’on compare les 25 milliards d’euros nécessaires au financement des retraites à l’horizon 2020 (selon le COR) aux 7 à 10 milliards d’euros de cadeau fiscal destiné aux ménages les plus riches.