dans l’hebdo N° 1058 Acheter ce numéro
Il est important de reconnaître que ce qui a commencé comme une crise du secteur financier est désormais devenu une crise économique. Mais ce n’est pas seulement une crise économique, c’est aussi une crise sociale. Selon l’Organisation internationale du travail (OIT), quelque 200 millions de travailleurs, essentiellement dans les économies en développement, seront jetés dans la pauvreté si une action immédiate n’est pas arrêtée pour faire face à l’impact de la crise. Même dans les pays industriels avancés, des millions de ménages sont confrontés à la menace de perdre leur maison, leur emploi et l’accès à la protection maladie. L’insécurité économique et l’anxiété vont croissant chez les personnes âgées alors que l’épargne de toute une vie disparaît avec l’effondrement des prix des actifs.
L’OIT estime que le chômage pourrait passer de quelque 30 millions de personnes en 2007 à plus de 50 millions en 2009 si la situation continuait à se dégrader.
La réforme du système international doit avoir pour but d’améliorer le fonctionnement du système économique mondial en assurant la promotion du bien commun. Cela suppose de poursuivre des objectifs de long terme tels qu’une croissance soutenable et équitable, la création d’emplois respectant le principe « d’emplois décents », l’usage responsable des ressources naturelles, la réduction des émissions de gaz à effet de serre, en même temps que des préoccupations plus immédiates, notamment celles relevant du défi des crises financière et alimentaire. Alors que le monde se concentre sur les exigences du moment, les engagements de long terme pour atteindre les Objectifs du millénaire et se protéger contre les menaces du changement climatique doivent demeurer des objectifs d’absolue priorité ; en effet, ce sont à la fois les dispositions immédiates arrêtées face à la crise et les réformes globales de long terme qui devraient offrir précisément l’opportunité d’atteindre ces buts plus rapidement. Alors que le monde se remettra éventuellement de la crise mondiale économique, les autres défis, y compris celui du réchauffement et ceux relevant du manque de nourriture et d’eau, exigeront des mesures complémentaires. La conjonction des énormes besoins globaux insatisfaits pour répondre aux défis du réchauffement et à celui de l’éradication de la pauvreté, dans un monde où cohabitent surcapacité et chômage de masse, est inacceptable. […]
La protection sociale n’est pas seulement un instrument de justice sociale, c’est aussi un outil majeur de stabilisation économique. Bien organisés, les systèmes de protection sociale rendent l’économie plus résistante aux chocs par l’augmentation de la taille des stabilisateurs économiques. Les systèmes de protection sociale ont deux composantes. Le premier est l’assurance contre les risques. Il facilite l’égalisation du revenu disponible tandis que le renforcement de la sécurité est une valeur en soi. La seconde composante est la redistribution progressive pour éviter l’exclusion et empêcher les individus d’être précipités dans des trappes de pauvreté. […]