Verts : Ils continuent avec Dany
Le parti écolo a décidé de poursuivre son engagement dans la dynamique d’Europe Écologie afin de réformer et d’élargir le pôle de l’écologie politique en France.
dans l’hebdo N° 1057 Acheter ce numéro
Les Verts allaient-ils exploser à la suite du succès d’Europe Écologie ? Quelques observateurs ont spéculé en vain sur d’hypothétiques règlements de comptes après l’euphorie de la soirée du 7 juin. Réuni en Conseil national (Cnir) en fin de semaine dernière pour tirer le bilan du score historique de la liste Europe Écologie (16,2 %), le parti écologiste s’est offert l’unanimité pour adopter une motion d’orientation invitant les militants à « poursuivre le rassemblement Europe Écologie dès aujourd’hui ».
Un texte concocté par la direction du parti « en association avec Europe Écologie , précise Cécile Duflot, secrétaire nationale. I l fallait faire passer le message que “l’on continue” aux gens qui nous ont soutenus et qui l’attendaient ».
La question était d’ailleurs posée depuis septembre dernier alors qu’Europe Écologie apparaissait à certains comme une machine à déborder les Verts. « Ce n’est plus d’actualité, répond Jean-Louis Roumégas, l’un des porte-parole du parti. On ne change pas une recette gagnante. »
Les Verts, colonne vertébrale du front écologiste, ont donc pris acte de la responsabilité qui leur incombe de se dépasser. L’option de fonder un « NPE » – Nouveau Parti écologiste – a été rapidement écartée au profit de l’option « élargissement du parti » au mouvement né à l’occasion de la campagne européenne. « La force de ce rassemblement, c’est sa diversité, analyse Cécile Duflot. Nous voulons intégrer toutes les personnes qui l’ont rejoint, et inventer une nouvelle manière de faire de la politique. Mais nous n’avons pas encore de mode d’emploi… »
Illustration : depuis dix jours, le parti enregistre quotidiennement deux cents demandes d’adhésion aux Verts… mais aussi aux comités régionaux Europe Écologie ! Comment articuler le parti et le mouvement ? Quelle place donner aux « héros » du 7 juin qui incarnent en grande partie, pour le public, le saut qualitatif accompli par les écologistes ?
De fait, l’écologie politique est devenue bicéphale en France depuis le 7 juin : le parti et ses centres de décision vont devoir apprendre à gérer le « parrainage » de Daniel Cohn-Bendit, comme l’explique Cécile Duflot. Intouchable artisan « numéro 1 » du succès d’Europe Écologie, mais toujours aussi libre de ses mouvements vis-à-vis des Verts, le député européen sera très présent au cours des prochains mois sur le chantier prioritaire entériné par le Cnir des Verts : construire l’union des écologistes, et renforcer son autonomie.
Les écologistes seront notamment présents au premier tour des régionales de l’an prochain. Et les alliances politiques ? C’est pour plus tard. « Mais il n’y a pas d’ambiguïté, précise Cécile Duflot. Verts et Europe Écologie, nous sommes tous d’accord sur les objectifs de justice sociale, d’égalité des droits ou de partage des richesses, et il s’agit évidemment de maintenir les régions à gauche. Mais il est impératif que toute alliance soit désormais structurée autour d’un projet totalement écologique. »
Les premiers signaux indiquent que c’est avec les socialistes que les approches seront les plus faciles : partenaires historiques des Verts, leur érosion a largement participé aux gains électoraux des écologistes. La secrétaire nationale du PS, Martine Aubry, a appelé Cécile Duflot pour la féliciter, le soir du 7 juin. En revanche, pas un mot de Jean-Luc Mélenchon, chef du Parti de gauche.