Converger pour quoi faire ?
L’Appel des appels et trois confédérations syndicales ont entamé fin mai un dialogue sur la convergence des mobilisations, mais leur déclaration commune est un brin décevante.
dans l’hebdo N° 1059 Acheter ce numéro
«Convergence » : c’est le maître mot de la déclaration commune publiée le 23 juin par les représentants de l’Appel des appels et la CFDT, la CGT, la FSU et Solidaires. « Ce dialogue est une première », affirme Daniel Le Scornet, initiateur d’un lieu d’échange et de débat au sein de la Maison des métallos. « Il existe parfois une méfiance entre organisations, mais la confrontation de nos expériences et de nos analyses est nécessaire » , explique Gérard Aschieri, secrétaire général de la FSU.
Le 15 mai, une première « conversation-débat » sur le thème des « convergences entre les mobilisations sociales et éthiques » a révélé une analyse similaire des conséquences « désastreuses » des réformes en cours. L’Appel des appels n’est pas « une synthèse de tous les appels, mais un lieu qui se donne le temps de penser les changements » , rappelle Daniel Le Scornet, alors que le mouvement syndical est, lui, en position de négocier plus rapidement. Cette différence, perçue comme une source de richesse, s’inscrit dans la dynamique de rassemblement initiée par la constitution d’un front syndical unitaire.
La déclaration commune apparaît pourtant en retrait par rapport à la charte de l’Appel des appels, lancée en février, et qui a fédéré des syndicats, des magistrats, des personnels du soin, du travail social, de l’éducation. Fruit de négociation avec la CFDT, le texte n’a pas gardé l’exhortation à « combattre une idéologie oppressive » . Difficile aussi de croire en la possibilité d’une « relation continue » entre syndicats et l’Appel des appels quand l’avenir même du front syndical semble incertain. Sans calendrier de rencontres et avec pour seul objectif « d’établir des passerelles et les initiatives appropriées aux luttes » , cette énième initiative laisse perplexe.