Courses à l’audience

La période estivale se prête au déballage
des sports. Largement diffuseur, France Télévisions n’est guère exempt de reproches.

Jean-Claude Renard  • 17 juillet 2009 abonné·es

Les années impaires sont des années creuses pour le ballon rond. Ni Coupe du monde ni championnat d’Europe. Idem pour les Jeux olympiques. Des événements furieux les plus regardés au monde, enregistrant les plus fortes audiences. Mais l’été 2009 « sera chaud » , c’est une promesse de France Télévisions, dont Daniel Bilalian, chef du service des sports, s’est fait le porte-parole. Aujourd’hui, c’est le Tour de France ; demain, ce sera le Championnat du monde de natation, disputé à Rome. Le mois prochain, ce sera le Championnat du monde d’athlétisme, à Berlin. Des compétitions également porteuses en termes d’audimat, et donc de recettes publicitaires, d’autant plus sollicitées à France Télévisions (qui possède les droits de retransmission) que l’essentiel des épreuves ne se déroule pas en nocturne, comme au foot, mais en journée. C’est-à-dire avant 20 heures. Après 20 heures, il n’y a plus de publicité sur le service public et donc pas de moyen supplémentaire d’engranger du pactole.

Le Tour de France donne le ton, imprime le rythme à suivre. Il appartient au groupe Amaury Sport (ASO), comme le journal l’Équipe . France Télévisions diffuse les images du Tour, pour le prix de 12 millions d’euros. Le service public se fait ainsi partenaire d’ASO, lequel a favorisé le retour de Lance Amrstrong en se rapprochant de l’Union cycliste internationale (UCI), peu regardante en matière de dopage. La boucle est bouclée. Business oblige. France Télévisions se met au diapason. Pas de question qui fâche, point d’analyse, de recul, tandis que la couverture médiatique serait l’occasion de souligner les politiques sportives, d’évoquer les enjeux financiers menant le bal des compétitions. Convaincu de dopage, a posteriori , quatre années de suite (révélations de l’Équipe en 2005, avant que le groupe ASO ne remette de l’ordre dans la maison, imposant toutes ses pages dans le béni-oui-oui), Armstrong est reçu à coups de vivats journalistiques. « Quel triomphe pour le cyclisme » , s’exclame Thierry Adam, en direct de l’étape du contre-la-montre par équipe ce 7 juillet, emportée par l’équipe Astana (celle d’Amrstrong). « C’est un film extraordinaire » , renchérit Gérard Holtz, sur le retour du seringué américain. La messe est dite avant qu’un Nelson Monfort ne dise la sienne, du même tonneau cynique et hypocrite. Patrick de Carolis, pour équilibrer les comptes du groupe qu’il préside, a annoncé 900 départs (près de 10 % des effectifs !) à France Télévisions. Au vu du traitement journalistique qui se déploie allégrement, il y aurait bien quelques noms qui s’imposent à la retraite, même anticipée.

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