Notre papier se fait label
« Politis » passe au papier labellisé PEFC. Un choix qui va dans le sens d’un meilleur respect de l’environnement. Ce bilan pourra être encore amélioré, c’est un début.
dans l’hebdo N° 1062-1064 Acheter ce numéro
Attention, le Politis version« papier» que vous tenez peut-être entre les mains a changé. Mais vous n’en verrez rien. C’est le papier. Exactement le même, en apparence, mais avec un plus : il dispose du label Pan European Forest Certification (PEFC, ou Programme européen des forêts certifiées), dont vous avez aperçu le logo sur la couverture. Nous avions pris l’engagement, lors de la dernière assemblée générale de l’association Pour Politis , d’étudier les moyens de passer à un papier plus respectueux de l’environnement.
Le papier, c’est la chair du journal, sa matière intime. De lui dépendent d’abord le confort de lecture, la netteté des caractères, le rendu des images. Les plus audacieuses des proses, les plus belles photos s’affalent sur du papier buvard. C’est un intraitable aussi au sein des lignes comptables : le premier des postes « fournitures », qu’il faut surveiller comme le lait sur le feu. Qu’il faut approvisionner en grande quantité, pour ne pas manquer, bien sûr, mais surtout pour profiter des effets d’échelle. Une économie de 10 % sur le papier, c’est peut-être la frontière qui sépare la perte du retour à l’équilibre. Bref, on ne badine jamais avec ça dans un journal.
Celui que vous caressez subrepticement entre pouce et index, là, s’appelle UPM Matt, fabriqué par le papetier UPM dans son usine de Stracel, près de Strasbourg. Notre imprimeur Rivet, à Limoges, en est très content – c’est lui d’abord qu’il faut satisfaire : bonne « roulabilité » (il passe très vite dans les rotatives), souple (il ne doit pas casser au séchage ou au pliage) et suffisamment opaque pour que son grammage – 54 g/m2 – vous autorise à lire ces mots sans distinguer ce que raconte le verso. Bref, nous en sommes, nous aussi, assez satisfaits, en raison de son bon rapport qualité-prix.
C’est toujours de l’UPM Matt, pour ce numéro d’été, mais le papetier peut désormais nous garantir qu’il respecte pour 100 % de ses fibres le label PEFC.
C’est-à-dire que le bois qui sert de matière première au papier est issu de forêts gérées « durablement », et que la chaîne des entreprises qui y ont affaire – gestionnaire de la forêt, abatteur, papetier, distributeur, imprimeur, façonneur, etc. – respecte des contraintes, principalement un système d’identification qui n’autorise pas à mélanger du PEFC avec du « tout-venant ». Les entreprises sont contrôlées et cotisent au système PEFC. Pour Politis, pas un euro d’augmentation de coût. Bien, voilà pour la « pub ».
Mais nous savons qu’il vous en faut plus, chers lecteurs, vous qui protestez au quart de tour dès que la couverture est un peu glacée, ou que n’apparaît pas la mention « papier recyclé ». Nous y voilà : les analyses de cycles de vie, qui décortiquent les impacts environnementaux d’un produit ou d’un service « du berceau à la tombe », indiquent en général que le papier recyclé génère moins d’impacts que la fabrication de papier « neuf » [^2] : il lui faut pour sa fabrication jusqu’à six fois moins d’eau que pour des fibres fraîches (10 litres d’eau par kilo de papier, au lieu de 60), et la possibilité de recycler les fibres une dizaine de fois limite d’autant la ponction sur les forêts.
Toutefois, et sans considération des exigences mécaniques du produit fini (roulabilité, etc.), les vieux papiers ont leur point noir : le désencrage, souvent requis si l’on veut refabriquer du papier suffisamment « blanc », par exemple. Il nécessite de grandes quantités de produits chimiques, de l’énergie, et génère des déchets qu’il faut traiter. Si bien qu’au final, au chapitre « émissions de CO2 » et « ponction des ressources énergétiques », le papier neuf obtient une meilleure note que le recyclé désencré, mais à condition que le processus de fabrication du « neuf » utilise beaucoup de biomasse (déchets de coupes de bois, etc.) pour son énergie (c’est souvent le cas), et que le bois soit originaire d’une forêt durablement gérée : ce que garantit en principe un label comme le PEFC.
[^2]: Le site du Canton de Vaud, en Suisse, détaille quelques éléments : , recherche « écobilan ».