Pétrole aux enchères…

Alors que les soldats américains quittent les villes, les champs pétroliers sont vendus aux trusts occidentaux.

Denis Sieffert  • 2 juillet 2009 abonné·es

La réalité est parfois plus caricaturale qu’un mauvais livre. Mardi, alors que les derniers soldats américains quittaient officiellement les villes irakiennes, après plus de six ans d’occupation, s’ouvrait à Bagdad la réunion d’attribution des champs pétroliers et gaziers. Au total, six champs de pétrole et deux champs gaziers dont l’exploitation sera confiée à des compagnies étrangères. Un gâteau de quelque 43 milliards de barils que doivent se partager 31 compagnies, dont, en premier lieu, les « majors » américaines et européennes. Le premier champ attribué sera celui de Roumaila, dans le sud du pays, dont les réserves sont estimées à 17,7 milliards de barils. Dès lundi, des dizaines de milliers d’Irakiens se sont pressés dans le parc Zawra de Bagdad pour fêter « la souveraineté » et « l’indépendance » retrouvées.

Une indépendance bien illusoire alors que la principale richesse du pays était mise aux enchères entre les grandes compagnies étrangères. Le matin même, l’armée américaine avait cédé les 86 positions qu’elle occupait dans les villes depuis 2003 pour être remplacée par 750 000 soldats et ­policiers irakiens. Elle a notamment évacué un bâtiment symbole, l’ancien ministère de la Défense, construit en 1938, qui lui servait de quartier général, après avoir été le haut lieu du pouvoir baasiste, sous la botte de Saddam ­Hussein.

Ce retrait s’inscrit dans l’accord signé en novembre dernier entre Bagdad et Washington. Il doit aboutir, fin 2011, au départ de toutes les troupes d’Irak. Problème : ce double transfert du pouvoir, militaire et économique, s’effectue alors que l’Irak est de nouveau le théâtre d’une série d’attentats attribués à Al-Qaïda qui ont fait plus de deux cents morts au cours des dernières semaines. La nébuleuse terroriste sert notamment de couverture à des attaques contre la communauté chiite, majoritaire dans le pays, menées par des extrémistes sunnites. Voire des anciens partisans de Saddam Hussein recyclés. Lundi, un camion transportant 64 obus de mortier a été intercepté dans l’ouest de Bagdad. On comprend dans ces conditions que le Premier ministre, Nouri al-Maliki, ait particulièrement insisté, mardi, sur la sécurisation des champs de pétrole…

Monde
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

La Brigade rouge : un poing c’est tout !
Portfolio 20 novembre 2024 abonné·es

La Brigade rouge : un poing c’est tout !

Pour pallier les carences et manquements de l’État indien, l’ONG la Brigade rouge s’est donné pour mission de protéger et d’accompagner les femmes qui ont été victimes de viol ou de violences sexistes et sexuelles. Reportage photo.
Par Franck Renoir
À Koupiansk, en Ukraine, « il ne reste que les vieux et les fous »
Reportage 20 novembre 2024 abonné·es

À Koupiansk, en Ukraine, « il ne reste que les vieux et les fous »

Avec les rapides avancées russes sur le front, la ville de Koupiansk, occupée en 2022, est désormais à 2,5 km du front. Les habitants ont été invités à évacuer depuis la mi-octobre. Malgré les bombardements, certains ne souhaitent pas partir, ou ne s’y résolvent pas encore.
Par Pauline Migevant
À Valence, un désastre climatique et politique
Reportage 20 novembre 2024 abonné·es

À Valence, un désastre climatique et politique

Après les terribles inondations qui ont frappé la région valencienne, les réactions tardives du gouvernement de Carlos Mazón ont suscité la colère des habitants et des réactions opportunistes de l’extrême droite. Pour se relever, la population mise sur la solidarité.
Par Pablo Castaño
Pourquoi les Démocrates ont perdu l’élection présidentielle
Analyse 13 novembre 2024 abonné·es

Pourquoi les Démocrates ont perdu l’élection présidentielle

Après la défaite de Kamala Harris, les voix critiques de son parti pointent son « progressisme », l’absence de considération des classes populaires et le coût de la vie aux États-Unis. Les positions centristes de la candidate pour convaincre les électeurs indécis n’ont pas suffi.
Par Edward Maille