Pour un Parti de gauche écologiste
Paul Ariès est objecteur
de croissance et directeur
du « Sarkophage », Martine Billard est écologiste, députée de Paris.
Les résultats des élections européennes témoignent de la montée en puissance d’une abstention des jeunes et des milieux populaires qui reflète à la fois le refus de l’Europe libérale, la crise de la représentation et la défiance politique qui touche l’ensemble des partis.
Dans le même temps, chacun peut constater la demande d’écologie exprimée dans le vote pour Europe Écologie et le refus des régressions sociales et du libéralisme incarné par les scores du Front de gauche et du NPA.
Dans ces deux domaines, l’urgence nous impose des décisions courageuses. Or le système capitaliste productiviste a sombré dans la démesure en consommant l’équivalent de plusieurs planètes ! Les pays les plus pauvres, qui en sont pourtant les moins responsables, sont les premières victimes des catastrophes. Les pays les plus riches doivent donc montrer l’exemple. Faisons comprendre qu’il n’est pas possible d’avoir une croissance infinie dans un monde fini. La décroissance de l’empreinte écologique est une absolue nécessité : il revient au politique d’en dessiner les contours.
En France, il y a urgence à faire front au sarkoproductivisme. Pour cela, les réponses aux crises écologique, sociale et démocratique nécessitent de s’attaquer au mal à la racine en proposant une rupture franche avec les modes de production et de consommation dominants et de rejeter sans ambiguïté les assauts des démarches marketing d’« écolo-blanchiment » qui, au-delà de l’effet de mode, participent à l’aggravation de la crise écologique. Le « capitalisme vert » ou la croissance verte, derniers avatars de l’économie de marché, n’offrent pas de solutions à la hauteur des enjeux du XXIe siècle.
Il n’y aura donc pas d’alternative crédible tant qu’une nouvelle construction politique ne prendra pas en compte les exigences d’une transformation à la fois sociale et écologiste.
Nous sommes convaincus que le Parti de gauche peut être l’un des vecteurs de cette convergence. Il doit pour cela tirer les leçons de la nouvelle situation et des limites actuelles de la gauche.
Pour nous, qui avons le souci de la préservation de la planète chevillé au corps tout autant que le désir d’égalité sociale et la lutte contre la société du mépris, le Parti de gauche doit accomplir un geste symbolique à la hauteur des enjeux historiques en montrant qu’il est la force qui rompt avec l’aveuglement du passé. Cela suppose qu’il revendique explicitement l’identité écologiste, seule façon d’ancrer clairement sa volonté de se positionner tout autant dans les riches traditions de gauche que dans celles de l’écologie politique. L’écologie ne va pas de soi, elle n’est pas une demi-mesure et doit compter à part entière dans l’identité – et donc dans le nom même – de cette force politique nouvelle. Le Parti de gauche doit franchir ce pas pour construire une dynamique collective de convergences qui dépasse de simples ralliements individuels.
Il a décidé de tenir en fin d’année un congrès refondateur et propose pour cela un comité de coorganisation. Nous prenons nos responsabilités en rassemblant des écologistes antilibéraux et des militants de gauche antiproductivistes pour participer à cette refondation vers un parti de gauche écologiste.
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