De la riposte à la relève

À l’université d’été du NPA, les partis de la gauche de gauche ont repris le dialogue en vue d’un front durable anticapitaliste.

Michel Soudais  • 27 août 2009 abonné·es
De la riposte à la relève

Le débat entre les forces politiques à la gauche du PS a changé de nature. Lundi, le NPA avait invité à son université d’été des représentants du PCF, du Parti de gauche, de la Fédération, des Objecteurs de croissance et du Forum social des quartiers populaires. Subrepticement, plutôt qu’au thème retenu pour ce débat – « Comment riposter ensemble ? » –, les intervenants ont préféré répondre à une autre question, formulée par Pierre-François Grond : « Comment incarner la relève » de la gauche ? Car, après « le meeting de Marseille » , tous sont convaincus, comme ce membre de la direction du NPA, que l’ « on va vers une coalition de centre-gauche » . «  La pente est là » , assure-t-il, persuadé que cette disparition programmée d’une certaine gauche crée pour la gauche anticapitaliste une nouvelle responsabilité.

D’entrée, le communiste Patrice Bessac a coupé court à tout faux débat : le PCF ne sera pas de ce rassemblement de centre-gauche qui «  semble être une mauvaise soupe » . Si tous font la même analyse de cette orientation et des risques de disparition de la gauche qui en découlent, comme en Italie, tous sont aussi désireux de tourner la page des européennes. « La volonté d’unité s’est traduite dans les urnes par un dynamisme » des listes d’Europe Écologie et du Front de gauche, a constaté Roland Meyrieu, des Alternatifs et de la Fédération. Le NPA l’admet à demi-mot et y voit une des causes de son « demi-échec » (4,9 %).

La préparation des régionales focalise la discussion. Le PCF souhaite un « rassemblement sans exclusive autour d’idées clairement ancrées à gauche » . La présentation de listes indépendantes du PS au premier tour est admise par tous. La recherche de « fusions techniques » (NPA) ou « fusions démocratiques » (Fédération) avec les listes de gauche qui n’incluraient pas des MoDem aussi. Seule l’exigence formulée par le NPA de ne jamais participer à la gestion avec les présidents de Région PS, donc de ne pas siéger dans des exécutifs, fait débat, le PCF souhaitant pouvoir apprécier la situation au cas par cas.

Car le « front durable », souhaité naguère par le NPA, est désormais accepté par le Parti de gauche et la Fédération. Même le PCF est « OK ». Pour François Delapierre, du Parti de gauche, il s’agit dans la «  bataille politique » engagée au sein de la gauche entre « deux projets inconciliables » de réfléchir aux moyens de battre l’orientation de centre-gauche. « Divisés, nous ne sommes pas crédibles comme alternative » , a-t-il averti après avoir souligné la « responsabilité très importante » du NPA : « On ne peut pas déplorer la gravité de la situation et ne pas se donner une ambition politique capable de se donner une majorité de gauche pour commencer à changer les choses. »

La veille, au cours de son meeting de rentrée, Olivier Besancenot avait aussi évoqué l’alliance en vue à Marseille : « Face à cette union de centre-gauche, il faut un front anticapitaliste durable » , avait-il déclaré devant un bon millier de militants. Au cours de cette intervention, le porte-parole du NPA avait également fait le bilan des six mois d’existence de son parti, « un processus » encore en phase d’ « apprentissage militant » . Né en février dans une période de montée des luttes sociales, il a beaucoup « couru » et doit maintenant, dans un contexte de « reflux politique et social » , « trouver son rythme » et « acquérir de l’endurance » . Refusant de « figer la construction du NPA dans une vision statique des choses » , il a souhaité que son parti se « consolide » et continue « à s’élargir ».

Abordant cet « acte II du processus du NPA » , qui commence avec l’université de Port-Leucate, le porte-parole du parti anticapitaliste a admis que la jeune formation devait faire face depuis le début de sa construction à « des problèmes de constance militante et des problèmes de conscience politique » . Deux points faibles qu’il est temps, selon lui, de commencer à corriger. « Il ne faut pas se retrouver uniquement quand il y a des luttes » , a-t-il lancé aux militants en les invitant « à mettre les bouchées doubles » , à militer en dehors de leur entreprise ou de leur cité. Une « implication plus forte » nécessaire pour « gagner la bataille des idées » et qui doit aussi se défier du « sectarisme, un poison mortel » . « Lutter localement ne suffit pas, il faut qu’on puisse prolonger ce combat avec une vision d’ensemble » , a-t-il aussi expliqué, soucieux d’opposer à l’offensive globale du capitalisme « une contre-offensive aussi globale ».

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