Faites c’que j’dis, pas c’que j’fais
dans l’hebdo N° 1066 Acheter ce numéro
En 2005, Alain Finkielkraut, also known as Finkie , fin clerc de médias, jugea que, tout de même, tous ces Noirs, dans l’équipe de France de football, ça faisait ricaner toute l’Europe. D’aucun(e)s, pétri(e)s d’épais gauchisme et refusant (obstinément) de voir qu’il s’agissait d’une cocasse plaisanterie, lui firent l’affront de s’en offusquer, jugeant même que cette prose avait quelque chose en elle, non tant de Tennessee, que d’un peu nauséabond.
Quatre ans plus tard, Finkie n’a toujours pas digéré l’odieuse offense : « Je perds mon sens de l’humour quand on me traite de raciste » , confesse-t-il (courageusement) dans le Journal du dimanche, où se promotionne son nouveau livre.
Et cela, n’est-ce pas, serait touchant – émouvant, même, disons-le – s’il s’appliquait à lui-même la retenue qu’il exige des bien-pensant(e)s, hermétiques à l’esprit de rigolade, qui ont eu le front de lui faire grief de ses commentaires footballistiques.
Mais voilà : depuis mainte année, Finkie préfère s’exonérer de cette obligation, et crier par exemple que les antiracistes sont des antisémites – et plus vastement des staliniens, puisque aussi bien il aime à déclamer de loin en loin (et cette semaine encore, dans le Nouvel Observateur ) que « l’antiracisme sera le communisme du XXIe siècle ». (Or, mâme Dupont, le communisme, ainsi que nous savons, a déjà fait, au bas mot, 350 milliards de morts, de sorte que, vous l’aurez compris : l’antiraciste sent très fort le massacre de masse.)
Bien entendu : jamais il n’assortit cette coutumière imprécation du moindre commencement de preuve – et pour cause.
Finkie, par conséquent, aurait la permission, au mépris de la réalité, de traiter de racistes des gens dont l’engagement est marqué par la détestation du racisme – mais il serait, en revanche, tout à fait malséant de lui prêter la moindre phobie, quand il se met soudain à compter les Reunois sur un terrain de foot.
À défaut d’être parfaitement logique, voire modérément cohérent, cela illustre du moins que le gars ose tout : c’est à cela que se reconnaissent, dans l’époque, les finkonoclastes.
Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.