Le logement, épreuve universitaire
Face à une offre immobilière chère et limitée, trouver un appartement se révèle une source d’angoisse pour les étudiants. Dénonçant les promesses non tenues, les associations formulent plusieurs revendications.
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Étudiants, à vos bourses ! L’augmentation des droits de scolarité en cette rentrée 2009, qui ponctionne un peu plus les budgets, ne doit pas faire oublier l’épuisement quasi automatique de l’offre locative des cités universitaires. Les pouvoirs publics peinent à tenir les objectifs du plan Anciaux, qui prévoyait entre 2004 et 2014 la construction de 5 000 chambres et la réhabilitation de 7 000 autres par an. Le bilan 2009 est éloquent : à mi-parcours, 11 500 chambres ont été construites sur les 25 000 annoncées, et 23 000 ont été rénovées sur les 35 000 prévues.
Dans la résidence universitaire d’Antony, une des plus importantes d’Europe, étendue sur 11 hectares, proposant 2 500 chambres, la destruction d’un bâtiment de plus a été programmée, et l’expulsion des locataires a commencé cet été. Une mesure contestable, sachant que seul un étudiant sur treize obtient une place en cité universitaire, ce qui contraint la plupart d’entre eux à effectuer leurs recherches hors du circuit universitaire. Aujourd’hui, le renouvellement du parc prend un retard important, et les aides octroyées aux étudiants sont de plus en plus mises à mal par le comportement des bailleurs sociaux ou privés.
Un étudiant doit en effet consacrer environ 50 % de son budget au règlement de son loyer. Alors que l’éclatement de la bulle immobilière a permis une baisse des prix, le loyer des petites surfaces, évidemment privilégiées par les jeunes, a augmenté de 25 % depuis 2002. Au reste, il s’agirait aussi de revenir sur cette « baisse » des loyers, estimée entre 0,8 % et 1 %. Une bonne nouvelle pour certains. Du triomphalisme pour d’autres. En réalité, à Paris, pour un appartement de deux pièces de 40 m2 à 900 euros, cela représente une économie de 9 euros. Ridicule.
Même les étudiants en alternance (études/entreprise), qui disposent de revenus supérieurs, ne parviennent pas à trouver un logement social, ou butent sur les conditions trop strictes des bailleurs privés. Autre casse-tête auquel ils sont confrontés : faire coïncider géographiquement leur habitation avec leur école, et surtout avec leur lieu de travail. Dans cet exercice délicat, les jeunes sont les cibles privilégiées de certaines agences immobilières qui leur
promettent des recherches fructueuses moyennant une somme d’argent, évidemment versée au préalable. De plus, il n’est pas rare que les propriétaires prennent en compte les aides accordées aux jeunes pour fixer le montant du loyer à acquitter.
Face à la crise du logement, les pouvoirs publics proposent des mesures dérisoires. Telle la parodie d’Arras, où 34 chambres ont été inaugurées récemment dans l’ancienne caserne militaire de la Citadelle. Par ailleurs, à la cohabitation générationnelle (installation chez une personne âgée), le président de l’Unef, Jean-Baptiste Prévost, répond que « la vocation d’un étudiant est d’étudier et non pas d’être un assistant de vie » . C’est pourquoi le Mouvement des jeunes socialistes et nombre d’associations, Jeudi noir en tête, réclament le plafonnement des loyers pour mettre un terme aux abus. À vrai dire, les suggestions ne manquent pas : la revalorisation d’au moins 10 % des aides, notamment à travers l’aide personnalisée au logement (APL) ; l’exonération de la taxe d’habitation pour les étudiants ; ou encore la réhabilitation des habitations et des bureaux vacants. Le « boom » des locations meublées pourrait offrir quelques opportunités à saisir avant le début des cours. Le gouvernement vient d’annoncer 8 412 réhabilitations et 3 807 constructions pour cette année 2009-2010. Une promesse de plus.