Que finance le ministère des Affaires étrangères ?
La question de la présence française dans le monde ne peut se réduire à des visées postcolonialistes ou à des opérations militaires.
dans l’hebdo N° 1066 Acheter ce numéro
Les oscillations du budget du ministère des Affaires étrangères ont tendance à laisser de marbre d’honnêtes citoyens de gauche. Le « rayonnement de la France dans le monde » n’est généralement pas leur préoccupation première. De même, nul n’ignore que les missions dites de « maintien de la paix », pour partie financées par ce ministère, recouvrent le plus souvent une réalité moins charitable que ne le laissent supposer les mots. Enfin, la réduction de certaines dépenses de fonctionnement touchant au niveau de vie de nos ambassadeurs ne paraît pas, en temps de crise, le comble de l’injustice sociale. Mais les choses ne sont pas si simples. Une bonne part de ces budgets permet, via nos instituts et centres culturels, la diffusion des œuvres françaises. Une autre part contribue au succès de manifestations culturelles, locales ou régionales. Un organisateur de « La Ronde des poètes » du Cameroun se plaignait récemment de la réduction drastique de l’aide française à cette manifestation. Un exemple parmi tant d’autres. De même, des actions d’aide au développement, particulièrement en Afrique, dépendent de ce budget. Mais on ne peut non plus se désintéresser de l’aspect politique du repli du Quai d’Orsay. Il ne se résume pas à une recherche d’économies.
Comme le dit ici Étienne de Lancrau, il traduit aussi une tendance générale du système Sarkozy à concentrer tous les pouvoirs à l’Élysée, et à réduire le ministère (et le ministre qui s’y prête admirablement) à l’état de fiction. Plus grave encore : le repli est aussi stratégique. Il témoigne d’une intégration de plus en plus manifeste à la politique américaine. Sans céder au lyrisme de l’indépendance nationale ou européenne, cette adaptation est évidemment très inquiétante. Elle constitue le trait principal du « sarkozysme » sur la scène internationale.