À quoi servent les parcs naturels régionaux ?
Les 46 parcs naturels régionaux de France viennent de se réunir pour leur congrès annuel. L’occasion de faire le point sur ces outils trop souvent soumis aux intérêts locaux. Après quarante ans d’existence, ils se cherchent un nouveau souffle.
dans l’hebdo N° 1071 Acheter ce numéro
Avec 46 parcs naturels régionaux et une vingtaine en projet, la France va bientôt battre un record d’Europe qui pourrait faire croire aux citoyens que la nature et les paysages y sont strictement protégés. Impression née de la confusion entre parcs naturels régionaux et parcs nationaux , qui, eux, ne sont qu’une dizaine. Autant ces derniers disposent d’une législation et d’une réglementation préservant la nature, le bâti et les paysages, autant le classement en parc naturel régional n’entraîne aucune protection plus contraignante que celle de l’ensemble du territoire. À cause de l’usage du mot « parc », la confusion est facile. Elle illustre une réalité : les élus locaux et régionaux se battent pendant des années contre la rare mise en place d’un parc national et souvent, comme ersatz, ils proposent la création d’un parc régional.
Inventés en 1967 par un décret du général de Gaulle, les parcs régionaux ont été conçus comme des outils d’aménagement du territoire. Le premier d’entre eux fut celui de Saint-Amand-Raismes, près de la conurbation de Lille-Roubaix, en 1968. Comme tous les autres parcs qui s’ajouteront à la collection désormais pléthorique, il s’agissait, sous l’égide de la Région – qui n’avait pas d’autonomie –, d’une libre association de communes autour d’une charte. Certains sont immenses, d’autres de dimensions modestes, mais aucun ne produit de réglementation de protection. Les grands parcs, parfois plus de 300 communes, n’ont en général aucune cohérence écologique, ce qui n’est pas toujours le cas des petits. Constatation qui peut se traduire de façon plus polémique : trop de ces parcs ne sont que des « marques », avec lesquelles, même si le ministère en reste maître, on promeut des saucissons, du fromage, des sabots, de la dentelle ou du tourisme vert. Ce qui, en soi, n’a rien de blâmable, mais n’a pas de rapport avec la protection de la biodiversité ou des paysages. Dans les agglomérations de ces parcs, fleurissent comme ailleurs les horreurs du tourisme commercial ou des publicités routières. Voyage sur la « planète des parcs » à l’occasion du congrès qui les a réunis du 30 septembre au 2 octobre dans le parc de la Chartreuse.
Les 46 parcs existants concernent 3 100 000 habitants, 3 940 communes, 67 départements métropolitains, 2 départements d’outre-mer et 21 régions. Ils couvrent un peu plus de 13 % du territoire, et leur existence est reconnue depuis 1993 par la loi sur le paysage.
Ils sont gérés par des syndicats mixtes regroupant les communes, les départements et les régions, qui ont accepté la charte du parc valable pour douze ans.
Les équipes des parcs comptent en moyenne une trentaine de salariés. Ils sont regroupés dans une Fédération qui existe depuis 1971. Il existe une vingtaine de nouveaux projets de parc, dont huit vont prochainement voir le jour. Les trois parcs les plus vastes sont ceux du Morvan, de Millevaches en Limousin et du Ballon des Vosges avec environ 300 000 hectares.
Le plus petit, avec 24 500 hectares, est celui de la Haute Vallée de Chevreuse dans la région parisienne.