Des accusations indignes

Olivier Doubre  • 1 octobre 2009 abonné·es

Depuis quelques années, sans doute influencés par une vision manichéenne du fameux « conflit des civilisations » cher à Samuel Huntington, nos omniprésents « intellectuels » médiatiques que sont, entre autres, Bernard Henri-Lévy, Alain Finkielkraut, Pierre-André Taguieff ou Philippe Val ne cessent d’accuser une partie de la gauche française de verser dans l’antisémitisme. Proférée à tout-va, l’accusation gravissime vise à faire taire toute critique contre la politique menée par les gouvernements israéliens, notamment depuis 2000. Les auteurs d’une telle accusation, mélangeant les genres, croient même voir poindre une hypothétique alliance islamo-gauchiste pétrie d’antisémitisme.

Pour absurde qu’elle soit, cette campagne a fini par instiller l’idée qu’il existait un antisémitisme à gauche. C’est le grand mérite de l’ouvrage de Michel Dreyfus que de tailler en pièces ces accusations. Historien connu jusqu’ici pour ses travaux sur le mouvement ouvrier, Michel Dreyfus a décidé de mener l’enquête sur l’éventuelle présence d’un antisémitisme à gauche.
En remontant jusqu’à la Restauration, il montre avec force que propos, voire théories antisémites, ont toujours été très marginaux au sein de la gauche ou de l’extrême gauche françaises, et que, lorsque certains de leurs membres ont glissé vers l’antisémitisme, ils se sont rapidement éloignés d’elles. Surtout, pour avoir analysé en détail l’attitude des diverses sensibilités de gauche aujourd’hui, et par rapport aux Juifs et par rapport à Israël, Michel Dreyfus conclut que les accusations qui leur sont lancées sont non seulement « injustifiées » mais aussi « indignes ».

Son livre passionnant vient en tout cas remettre un peu de raison dans ce concert de propos déraisonnables et nauséabonds qui, comme le pense l’historien lui-même, contribuent in fine à affaiblir un peu plus la gauche.

Publié dans le dossier
Le bel avenir de la décroissance
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