La ville en vert n’est pas un luxe

La première Semaine de l’écologie populaire s’est déroulée à Toulouse. Objectif : sensibiliser aux questions environnementales les quartiers défavorisés, les plus affectés par la malbouffe, les pollutions, etc. Reportage.

Yoran Jolivet  • 8 octobre 2009 abonné·es
La ville en vert n’est pas un luxe

Premier étage d’une barre HLM dans le quartier de la Faourette à Toulouse. À la Maison des chômeurs, le déjeuner hebdomadaire du jeudi est plus animé que d’habitude. La Semaine de l’écologie populaire y fait étape avec un débat sur l’autosuffisance alimentaire [^2]. Ce lieu n’est pas anodin, car l’association Partage Faourette met à disposition des habitants du quartier 58 parcelles de jardins partagés, dont la fonction est le retour à la terre et la création de lien social. À la fin du repas, un militant s’indigne que l’on serve des bananes et des yaourts Yoplait. Écoutant sa tirade sur les méfaits environnementaux de tels produits, ma voisine de table roule des yeux et me glisse : « Il va nous couper l’appétit, celui-là. » Pourtant, elle-même cultive un potager dans les jardins familiaux, mais jamais de tels propos ne s’étaient invités à sa table. Les questions écologiques passent souvent ici pour un luxe inabordable.

Quand on demande à Jean-Pierre, la cinquantaine, grande moustache, son sentiment sur l’écologie, il répond, lapidaire : « Avec notre société de consommation, que faire ? On crée beaucoup, puis on rejette. Les produits jetables et de mauvaise qualité sont les moins chers. » Et d’ajouter : « Mais ceux qui ont de l’argent font-ils attention aux économies d’énergie et à la lutte contre la pollution ? » Pourtant, le simple fait de cultiver son potager est un premier acte écologique, qui vient apporter une solution à des difficultés économiques. « Au départ, la motivation principale des habitants était la rencontre ; maintenant, ils cultivent pour s’alimenter et exploitent chaque centi­mètre carré de leur parcelle », relate Bernard Baubil, directeur de Partage Faourette. Face à de nombreuses idées reçues, la première Semaine de l’écologie populaire avait justement pour but d’apporter un nouveau regard sur l’écologie et les inégalités sociales en allant à la rencontre des habitants des quartiers.

L’événement n’a pas été relayé par la presse locale, et les collectivités ne l’ont pas soutenu, bien qu’elles soient toutes dirigées par le PS. Mais, malgré une participation en dents de scie de la part des habitants, les organisateurs se félicitent de la richesse des débats et de la motivation perçue dans l’assistance, avec de nombreux projets actés. Une proposition d’éco-­habitat a été avancée, et un marché paysan devrait voir le jour au pied des tours HLM. En lien avec les questions de santé, des habitants veulent re­censer les antennes-relais et les bâtiments contenant de l’amiante dans leur quartier. Enfin, un programme de recherche-action veut « identifier les représentations en termes d’écologie dans les quartiers populaires » . Mené par Hedi Bouderbala, sociologue de l’association les Amis d’Averroes, il a pour but d’ancrer la recherche dans un processus de transformation sociale avec une mise en réseau des différents acteurs des questions écologiques (santé, transport, logement) (voir ci-contre). Tous ces projets ­doivent implanter durablement la thématique en impliquant les habitants dans des projets concrets.

[^2]: Elle s’est déroulée du 21 au 25 septembre.

Écologie
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