Le puzzle Eastwood

Arte propose
une programmation spéciale sur l’acteur et réalisateur, insaisissable
et franc-tireur.

Jean-Claude Renard  • 1 octobre 2009 abonnés

Une injonction paternelle : « Ne compte sur personne ! » Une autre encore : « On n’a rien pour rien. » Sueur et front. Clint Eastwood a grandi dans les années de la Dépression. Pompiste d’abord. Puis cours de comédie, des quarts de rôle dans des tiers de films mineurs. Et une première série télé, Rawhide, en 1959. Du western et la chance de tourner un épisode par semaine, l’occasion de se roder sur des scénarios simplistes. Avec le risque, tout de même, de rester collé au fond d’une pellicule sans relief. Cinq ans plus tard, il sort de cette espèce de nulle part, laconique et impassible, surgissant des plans millimétrés et des éclairages lunaires de Sergio Leone, dans Pour une poignée de dollars de plus. La poignée se veut le premier volet d’une trilogie, complétée par Et pour quelques dollars de plus et le Bon, la Brute et le Truand.

Dans la foulée, les Proies, en 1971, est un autre exercice, dans l’univers macabre de Don Siegel. La géométrie des plans d’un côté, l’atmosphère de l’autre. Suivront des films très différents, de l’Inspecteur Harry au Canardeur. Une hantise alors : rester cow-boy et porter le flingue durant toute sa vie à l’écran.
Les injonctions paternelles en tête, Clint Eastwood passe derrière la caméra, pour une palette de films également différents. Un suspense original sur fond de psychose pour commencer, avec Un frisson dans la nuit (1971). Une parabole sur le pouvoir ensuite avec l’Homme des hautes plaines (1973). L’apprentissage passé, les films aux ambitions d’auteur vont s’affirmer, de Bird à Million Dollar Baby.

En décembre, le réalisateur sort un nouveau métrage, consacré à Mandela. En attendant, Arte propose une programmation particulière, un documentaire et deux films essentiels.

Le premier, le Franc-Tireur , est réalisé par Michael Henry Wilson, sur les terres de Clint Eastwood, dans sa propriété de Carmel, non loin d’Oakland, tandis que le cinéaste est en cours de montage de son diptyque M émoires de nos pères et Lettres d’Iwo Jima. Soit deux regards sur la guerre du Pacifique, parce qu’il n’y a pas de vérité mais seulement des points de vue. L’entretien est l’occasion d’un aller et retour sur l’itinéraire tantôt docile, tantôt iconoclaste et insaisissable d’Eastwood, qui toujours se fie à l’instinct plus qu’à la réflexion. Son credo : « Les idées neuves, jusqu’à être à court d’idées. » Ce qui ne l’empêche pas, parfois, de rester très classique. Un parcours qui «  tient du puzzle, où rien n’est raccord » , observe-t-il. À la clé du docu, la diffusion d’ Un monde parfait puis d’ Un frisson dans la nuit en témoigne.

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