Mauvaise passe pour le trottoir
Un rapport de l’association lyonnaise Cabiria souligne l’aggravation des conditions de travail des personnes prostituées, du fait de la politique sécuritaire actuelle.
dans l’hebdo N° 1071 Acheter ce numéro
Une femme roumaine violée, une autre agressée deux fois dans la même nuit, une Nigériane conduite en centre de rétention. Ce sont trois cas rencontrés lors d’une journée presque ordinaire par l’association lyonnaise Cabiria, qui lutte aux côtés des personnes prostituées depuis 1993. Des cas similaires, l’association en a répertorié des centaines au chapitre « Journal des répressions et des violences 2008 » dans son rapport de synthèse [^2].
Confrontée à la multiplication des agressions et des arrestations (parfois musclées), Cabiria résume la situation : les prostitué(e)s étant « devenu(e)s hors la loi, les violences quasi quotidiennes qui leur sont faites sont minimisées » . Une conséquence directe de la loi sur la Sécurité intérieure de 2003, qui pénalise le racolage passif de 3 750 euros d’amende et de deux mois de prison. La situation a encore été aggravée par les différents arrêtés municipaux pris pour interdire la présence des prostitué(e)s dans les centres-villes et le stationnement de leurs camionnettes dans plusieurs quartiers. C’est notamment le cas à Lyon, dans les quartiers de Gerland et de Perrache.
Pas moins de quatre arrêtés ont ainsi été pris en six ans. Avec un effet immédiat : l’aggravation de la situation de clandestinité et de précarité de ces travailleurs du sexe, originaires d’Afrique subsaharienne et des pays de l’Est pour 70 % d’entre eux. En 2008, lors de ses tournées et de ses actions d’accès aux soins, à la prévention et aux droits, et à l’occasion de son travail sur la lutte contre les exclusions et les discriminations, l’association Cabiria a recensé 590 personnes prostituées. Elles étaient 500 en 2007. De quoi prouver l’inefficacité de la politique sécuritaire actuelle en matière de prostitution.