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HISTOIRE
Le Troisième Reich
(T. 1 : l’Avènement, T. 2 : 1933-1939, T. 3 : la Guerre),
Richard J. Evans, traduit de l’anglais par Barbara Hochstedt et Paul Chemla, Flammarion (resp. : 720 p., 27 euros ; 1056 p., 31 euros ; 1104 p., 35 euros)
Les livres sur le Troisième Reich et la Seconde Guerre mondiale sont si nombreux – près de 40 000 titres – que le lecteur non spécialiste a bien du mal à se repérer. L’historien britannique, professeur à Cambridge, Richard J. Evans a tenté l’exhaustivité sur cette période si étudiée en cherchant à embrasser les aspects politiques, idéologiques, culturels et économiques. Souhaitant proposer un panorama d’ensemble, l’auteur renoue avec une histoire événementielle, mais réussit le tour de force de faire une histoire « générale » du régime nazi, dont le grand spécialiste de Hitler, l’historien Ian Kershaw, a dit qu’il s’agissait de « l’ouvrage le plus complet jamais écrit sur cette époque désastreuse » . Une somme qui tient de l’encyclopédie sur le sujet.
1939. Demain, la guerre
Richard Overy, traduit de l’anglais par Pierre-Emmanuel Dauzat, Seuil, 156 p., 15 euros
Si, comme on le constatait précédemment, l’histoire contemporaine est particulièrement prolixe sur la Seconde Guerre mondiale, l’historien anglais Richard Overy, lui-même auteur fécond sur la période, a choisi cette fois de se concentrer sur les dernières journées de paix avant le déclenchement des hostilités. En plaçant la Pologne au cœur du livre, l’auteur observe l’enchaînement des événements entre le 24 août 1939, au lendemain de l’accord entre Hitler et Staline, et le 3 septembre 1939, lorsqu’il est clair que la guerre s’est étendue à l’ensemble du continent européen. Bien documenté, l’ouvrage montre les hésitations des acteurs, qui ne savent pas jusqu’où le drame en train de se nouer les mènera. Un petit livre passionnant.
À lire également : Choix fatidiques. Dix décisions qui ont changé le monde, Ian Kershaw, traduit de l’anglais par Pierre-Emmanuel Dauzat, Seuil, 816 p., 28 euros
La Dernière Révolution de Mao. Histoire de la Révolution culturelle 1966-1976,
Roderick MacFarquhar et Michael Schoenhals, traduit de l’anglais (États-Unis) par Pierre-Emmanuel Dauzat, Gallimard, « NRF Essais », 816 p., 35 euros.
Alors que la République populaire de Chine vient de fêter fièrement ses 60 ans, que sait-on au juste de la Révolution culturelle ? Souvent dénoncée pour son bilan terrible en termes de morts et de violences tous azimuts, autrefois louée par les adorateurs gauchistes du président Mao, cette « dernière révolution » du fondateur de la Chine communiste a, finalement, rarement été étudiée dans son ensemble par les historiens. C’est cette lacune en forme de défi qu’ont voulu combler les deux sinologues américains Roderick MacFarquhar et Michael Schoenhals, professeurs respectivement à Harvard et à l’université de Lund, en publiant une imposante histoire générale de cette période troublée, qui s’étendra finalement jusqu’à la disparition de Mao lui-même. Ayant eu accès aux archives et à partir de nombreuses publications chinoises, les auteurs montrent la véritable rupture qu’elle a constituée pour le peuple chinois, d’abord invité par Mao à traquer les « éléments de la bourgeoisie qui se sont infiltrés dans le Parti » avant qu’il ne décide, devant le désordre généralisé, de cesser d’un coup toutes les « activités révolutionnaires » des Gardes rouges. Ce livre permet de découvrir en profondeur ce qui fut « l’ultime tentative d’une entrée spécifiquement chinoise dans la modernité » , avant que le pays ne se détourne des utopies pour mieux choisir la voix d’un capitalisme autoritaire.