Aider sans humilier
Face au « raz-de-marée de la misère »,
le Secours populaire refuse la notion d’assistanat.
dans l’hebdo N° 1078 Acheter ce numéro
Fixé tous les deux ans, le Congrès national du Secours populaire a eu lieu ces 13, 14 et 15 novembre à la cité des Congrès de Nantes. Un rendez-vous qui s’est doublé des États généraux de la solidarité pour les droits de l’enfant, précisément en écho au 20e anniversaire de la Convention internationale des droits de l’enfant (20 novembre 1989). Solidaires des premières victimes de la précarité, plus de 900 délégués de l’association ont marqué cet anniversaire par une série de travaux et de perspectives en faveur des jeunes. Une centaine de mineurs ont d’ailleurs grossi les rangs des délégués, et l’association a mis en avant ses projets à plus ou moins long terme concernant ces âges. À commencer par l’opération « Père Noël vert », conçue sur la couleur de l’espérance, qui entend multiplier les divertissements, les jouets et les repas fournis aux plus démunis fin décembre. À suivre par un grand programme autour des vacances estivales pour ceux qui en sont privés, et la volonté de répondre au plus près à la décision de l’Union européenne inscrivant l’année 2010 contre la pauvreté et l’exclusion.
Surtout, le Congrès a été l’occasion de dresser le bilan de l’association, sur le terrain, au quotidien. Et donc celui d’un sombre « raz-de-marée de la misère » , observe Julien Lauprêtre, président du Secours populaire (fort de 86 000 « collecteurs-animateurs » gérant 1 400 structures). Avec une anecdote en préambule : l’été dernier, au retour de vacances organisées par le Secours populaire, ce qui a été le plus apprécié des familles bénéficiaires ne concernait pas les vacances en soi, l’air de la mer ou de la montagne, mais « la chance de prendre trois repas par jour, parce que dans l’année, pour beaucoup, le seul repas complet reste celui de la cantine » . Le Secours populaire a distribué 86 millions de repas en 2008, contre 68 millions en 2007. Fin octobre 2009, ces derniers chiffres sont déjà dépassés. Avec un public élargi par la présence de « classes moyennes, de petits entrepreneurs, d’artisans » . Reste une constance dans l’esprit de l’association : le refus de l’assistanat. De fait, au Secours, pour retirer son colis (constitué de pâtes, de riz, de lait, de poulet, de café, de légumes et de conserves), une participation financière, même minime, est exigée. Tarif moyen, selon les structures : 50 centimes d’euro par personne, pour un panier dont le coût réel approche les 50 euros. Contribution symbolique qui oblige à conserver une certaine dignité. « Au Secours populaire, c’est entrée gratuite et sortie payante » , martèle Julien Lauprêtre. « On n’est pas dans la charité, mais dans la volonté de permettre aux gens de se relever. » Rien n’est acquis. Même la survie.