De mâles en pis

Mieux dans son slip ? Un homme explique, devant la caméra, pourquoi il a souhaité se faire allonger le pénis. Retour, devant la caméra toujours, sur l’opération de découpe au bistouri de l’objet de tous ses complexes. Cependant qu’en voix off des mâles expliquent pourquoi c’est si important d’en avoir un grand. Plutôt couillu, comme lancement, pour entamer une analyse de la domination masculine. La teneur des témoignages (certains arrachés par la ruse) constitue d’ailleurs le point fort de ce documentaire où Patric Jean ( la Raison du plus fort ) compile une série de reportages au pays des machistes, sexistes, misogynes, criminels… Speed dating , magasin de jouets, littérature pour enfants, réunion de féministes, loge d’une strip-teaseuse, consultation de femmes battues puis SOS violences conjugales : le documentariste va crescendo de phallocratie en tyrannie. L’objectif étant d’évoquer d’abord les causes ou origines de discours et d’actes de domination, puis de violences physiques que le documentariste part ensuite capturer au Québec. Entre les séquences, il filme la progression d’un homme composant un mur de phallus.

Dans un style trop télévisuel, la Domination masculine enchaîne les scènes (parfois choc, comme cette arrestation d’un homme qui vient de tabasser sa femme, les confidences d’un violent repenti, ou les propos de ces misogynes qui croient parler à l’un des leurs !) au détriment d’une réflexion sur la reconduction de schémas sociaux et les sentiments de pouvoir et de soumission qui s’expriment de part et d’autre. Ce qu’amorçaient, par exemple, ces femmes battues en séances de thérapie où l’une souffle : «  Je pensais réussir à le faire changer. »