Enfances volées

Arte propose une programmation spéciale, articulée autour du droit des mineurs à travers le monde.

Jean-Claude Renard  • 19 novembre 2009 abonné·es

Son quotidien est aussi celui de son enfant. La drogue, l’alcool. Elle est mère, et prostituée depuis quatre ans. Elle a juste 16 ans et son mouflet compte déjà 16 mois. Elle vit dans une zone de non-droit, près de la gare routière de Guatemala City, capitale guatémaltèque. Les gangs y contrôlent une centaine de bordels. À la distribution de préservatifs, assurée par une association, s’est ajoutée la distribution de couches pour bébés. Des filles de 15 à 17 ans trimbalent leur grossesse entre les chambres à l’étage et le bazar ambiant de la gare. Des mères célibataires. Mineures. Et miséreuses, abîmées dans les couleurs acidulées, au diapason de l’existence, filmées par Elsa Kleinschmager et Hubert Dubois.

Autre décor, en Afrique. Dans l’est de la République démocratique du Congo, plombé par une guerre civile engagée il y a quinze ans. En janvier 2009, sous l’égide de l’Unicef, un programme de réinsertion a permis à près de deux mille enfants-soldats de retrouver leur famille et une vie sociale et professionnelle, comme en témoigne le reportage de Michel Dumont et Éric Bergeron.

Toujours en Afrique, au Mali. Dans les années 1990, le pays possédait l’un des taux de scolarisation les plus faibles du monde, avec seulement 36 % d’enfants à l’école, rappellent les réalisateurs, Claire Collin, Jean Crépu et Peter Bolton. Aujourd’hui, la scolarisation atteint 75 % d’enfants. Un chantier qui reste ouvert, d’autant qu’un enfant seulement sur trois poursuit sa scolarité après le primaire.

En Afghanistan, à Kaboul, l’Unicef estime à 70 000 le nombre d’enfants au travail (35 % dans le pays, agglomérés autour des grandes villes). Beaucoup d’orphelins, de soutiens de famille. Mendiants, colporteurs, trafiquants de tout et de rien, de farine surtout, depuis le Pakistan. Ils vivent dans le chaos, avec moins d’un euro par jour… Noëlle Depretto et Paul Comiti livrent ici l’un des reportages les plus âpres sur une enfance volée.
À l’occasion du vingtième anniversaire de la Convention internationale des droits de l’enfant (20 novembre), et à travers une série de reportages sans fioritures, Arte propose un bilan du chemin parcouru, brossant en même temps le tableau de ce qui reste à faire sur trois axes : le travail, l’éducation, la guerre. Dans le même esprit, le magazine « Zoom Europa », présenté par Bruno Duvic, s’articule autour de *« l’utilisation abusive des enfants au travail ».
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