Alerte à l’extinction

La biodiversité recule, notamment en France, sans que les gouvernements et l’opinion se mobilisent.

Claude-Marie Vadrot  • 3 décembre 2009 abonné·es

«Les preuves s’accumulent sur la sévérité de la crise d’extinction que nous traversons, alors que le 1er janvier prochain commencera l’Année internationale de la biodiversité. Selon nos dernières analyses, il sera impossible d’enrayer la perte de biodiversité au cours de 2010. » Ce commentaire de l’Union internationale de la conservation de la nature (UICN) accompagne la publication en novembre de sa liste rouge. Sur les 5 490 mammifères répertoriés dans le monde, 79 sont d’ores et déjà considérés comme disparus, 188 sont en « danger critique d’extinction », 449 « en danger » et 505 « vulnérables ». Pour les oiseaux, 12 % des espèces répertoriées sont menacées, et la situation est encore plus grave pour les reptiles, les amphibiens et les invertébrés.
Pour les plantes, la liste rouge qui répertorie et suit le sort de 12 151 espèces, le résultat des études scientifiques fait apparaître que 8 500 sont menacées d’extinction prochaine. Tous ces résultats, explique Craig Hilton Taylor, le directeur de l’UICN, « ne représentent que le sommet de l’iceberg, car nous n’avons pour l’instant évalué que 47 663 espèces, alors qu’il en existe encore des millions qui sont peut-être sérieusement menacées » . La France figure hélas en très bonne place dans les inquiétudes puisque le territoire français compte 778 des espèces menacées de disparition, chiffre qui comprend 11 mammifères. Ce qui la place, pour le seul territoire métropolitain, au cinquième rang mondial, juste devant l’Espagne, le Portugal, l’Italie et la Grèce. De quoi souligner l’échec de l’Europe, qui a fait depuis quelques années de la préservation de la biodiversité une « priorité ».

En cause, partout : la poursuite des aménagements et de l’artificialisation de nombreux espaces naturels, mais surtout le changement climatique. Les animaux n’ont pas la possibilité de migrer et de changer de région ou de continent. Alors, peu à peu, ils disparaissent faute de pouvoir se nourrir et trouver de l’eau. L’abattage systématique des chameaux sauvages d’Australie, qui attaquent en masse des villages pour boire ou se nourrir, en constitue une tragique illustration. Mais, contrairement à ce qui se passe pour le climat, aucune mobilisation de l’opinion publique et des gouvernements n’est encore perceptible. À Copenhague, la biodiversité ne fera pas partie des préoccupations des négociateurs et des chefs d’État.

Écologie
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