Comment le sommet a accouché d’une souris
Le fiasco complet a été évité de justesse, avec un accord minimaliste et très peu contraignant qui ne permettra pas de diviser par deux les émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2050.
dans l’hebdo N° 1082-1083 Acheter ce numéro
De mémoire de négociateur, jamais sommet climat ne fut aussi chaotique. En toute dernière minute, le fiasco intégral a été évité par un « accord » concocté entre 28 des plus gros émetteurs de gaz à effet de serre – pays industrialisés et émergents –, dont la conférence a simplement « pris note ». Les 165 autres pays sont invités à le signer. Il n’a aucun caractère contraignant, et son contenu est d’une pauvreté affligeante.
Principal point : la hausse de la température moyenne planétaire ne devra pas dépasser 2 °C (par rapport au milieu du XIXe siècle). Ce qui se borne à entériner un objectif déjà très consensuel. Derrière, aucun objectif global de réduction des émissions, qu’il faudrait pourtant diviser par deux d’ici à 2050 (par rapport à 1990) après qu’elles auront atteint un point culminant en 2020. D’ici à fin janvier, on fera les comptes : les pays industrialisés devront préciser leurs engagements de réduction (contrôlables), et les pays émergents, leurs mesures d’atténuation (qui ne seront pas soumises à discussion). Les annonces sont actuellement loin du compte : cumulées, elles représentent moins de 20 % de diminution pour 2020, alors qu’il faudrait approcher 40 %. Tout cela sur la base du volontariat. Le protocole de Kyoto, seul cadre juridiquement contraignant de réduction des émissions, a donc un avenir très précaire alors que la première période d’engagements se termine en 2012.
L’autre grand point : une aide financière de 30 milliards de dollars, sur la période 2010-2012, a été accordée par les pays industrialisés pour aider les plus vulnérables du Sud à s’adapter aux impacts climatiques. Ensuite, l’accord d’engagement à trouver 100 milliards de dollars par an jusqu’en 2020. Là encore, on est loin du compte, des évaluations estiment que les besoins sont deux à quatre fois supérieurs.