Des Verts très ouverts
dans l’hebdo N° 1080 Acheter ce numéro
Augustin Legrand, Laurence Vichnievsky, Robert Lion, Philippe Meirieu, Marie Bové… Personnalités non politiques, elles sont une petite dizaine à avoir obtenu d’enviables places éligibles – et même en tête de file – sur les listes Europe Écologie pour les prochaines élections régionales (14 et 21 mars). Il y a aussi des transfuges du Parti socialiste, comme Pierre Larrouturou ou Éric Loiselet, et même des communistes, comme Stéphane Gatignon (voir encadré p. 20).
Le succès d’Europe Écologie aux dernières européennes (16,3 %, à égalité avec le PS) est certes dû aux idées défendues par son programme et à une campagne dédiée à l’Europe, mais tout autant à l’engouement suscité dans l’opinion par le rassemblement sous la bannière de l’écologie politique de personnalités aussi médiatiques que José Bové, Eva Joly ou Daniel Cohn-Bendit. Les Verts, coauteurs du succès, en ont immédiatement pris acte au lendemain du 7 juin : on ne change pas une recette aussi performante. Ainsi, depuis quelques mois, les militants se sont attachés à reconstituer au niveau régional l’attelage gagnant, assortiment le plus paritaire possible de candidats Verts et non-Verts. Cette multiplication de « noms » hors parti finit par faire système et interroge : en exploitant la notoriété de ces personnalités, parfois très médiatiques, cette stratégie ne sacrifie-t-elle pas à la « politique spectacle » ?
N’y a-t-il pas un risque de voir l’identité du principal parti écologiste se dissoudre ? N’est-ce pas un affaiblissement de la politique que de mettre en avant des candidats reconnus comme des spécialistes – dans le logement, la justice, l’éducation, etc. –, alors que l’on attend de chefs de file qu’ils soient généralistes ? Europe Écologie, qui revendique d’attirer des adhérents pratiquant la politique à temps partiel, promeut-elle une forme édulcorée de cet engagement militant ?
Europe écologie entend confirmer sa place de troisième force politique en France, et même diriger – qui sait ? – trois régions au soir du 21 mars prochain. Un état de l’évolution de cet « objet politique non identifié », comme le désigne Daniel Cohn-Bendit, son principal mentor.