Gens de Dublin
dans l’hebdo N° 1081 Acheter ce numéro
Le dernier film tourné par John Huston en 1987, Gens de Dublin , ressort sur les écrans. Inutile de rappeler ici que ce film indémodable est un chef-d’œuvre. En revanche, ce qui frappe peut-être plus encore aujourd’hui, c’est son étonnante construction, qui l’éloigne du classicisme. Les trois quarts du film se déroulent chez les vieilles sœurs Morkan, au début du XXe siècle, où plusieurs couples de la bonne société dublinoise passent une soirée de réveillon selon les codes bourgeois. Autrement dit : les travers de chacun affleurent sous la respectabilité exigée par tous. Une véritable atmosphère d’amitié traverse l’assemblée, atténuée parfois par de petites jalousies ou des manifestations de vanité. Bref, une soirée agréable et doucement routinière. Puis, au bout d’une heure de cette sociabilité plus ou moins superficielle, on entre dans le drame. La caméra raccompagne un des couples de la réception, Gretta (Anjelica Huston) et Gabriel Conroy (Donald McCann), après que celle-ci a entendu un air chanté lui rappelant un vieux souvenir. Mais ce souvenir d’un jeune homme, qui fut passionnément amoureux d’elle avant de mourir du désespoir de la voir partir, ouvre soudain une béance dans l’existence du couple. Car cet amour, brûlant et sans tache, apparaît encore extrêmement vivant en Gretta, malgré les années passées. Ce souvenir l’abîme dans les profondeurs du temps et de l’absolu, où son mari actuel ne peut avoir pied. Gens de Dublin est un film proprement vertigineux, faisant coexister deux films en un, et deux personnages qui, après des années de vie commune, découvrent la part d’inconnu qui les sépare.
Gamines
Après Brodeuses , son premier long-métrage remarqué à sa sortie en 2004, Éléonore Faucher revient avec un deuxième film très enlevé, Gamines, adaptation du récit éponyme et autobiographique de Sylvie Testud. Celle-ci est une des interprètes du film, dont le personnage enquête sur son père absent, tandis que défilent ses souvenirs familiaux, souvent très drôles, avec ses deux sœurs et sa mère, interprétée par une splendide Amira Casar.
Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.
Faire Un Don