Halte aux goinfres !

Une enquête de l’UFC-Que choisir dévoile les marges injustifiées des industriels et des distributeurs.

Thierry Brun  • 17 décembre 2009 abonné·es

Qui se gave avec des marges toujours en hausse sur des produits comme la brique de lait, la côte de porc ou l’escalope de poulet ? Une enquête de l’UFC-Que choisir rendue publique le ­8 dé­cembre [^2] démontre que, durant les derniers mois, industriels et distributeurs ont profité des « variations de prix agricoles, plus particulièrement des baisses, pour accroître fortement leurs marges ». Ainsi, entre septembre 2007 et septembre 2009, le prix payé aux producteurs de lait a baissé de 7 %, affirme l’UFC-Que choisir : «  Mais, pour le consommateur, nos relevés démontrent que le prix de la brique de lait Candia a augmenté de 5 %. Pire, celui de la brique de marque distributeur a augmenté de 11 % ! Le lien entre prix agricole et prix en rayon n’existe qu’à la hausse, jamais à la baisse ! »
*
Les prix ont même augmenté de 41 % pour l’escalope de poulet entre 1992 et 2009 alors que la somme payée aux éleveurs n’a augmenté que de 2 % sur la même période. *« Cela confirme ce que l’on dit depuis six mois dans le cas de la production laitière,
souligne Philippe Collin, porte-parole de la Confédération ­paysanne et agriculteur dans l’Yonne. On n’est pas sortis de cette logique de concurrence libre et non faussée qui empêche d’aborder la question d’une juste rémunération du travail ».
« Alors que le pouvoir d’achat des Français est en berne, ces pratiques de prix inadmissibles des industriels et de la grande distribution sont d’autant plus préjudiciables » , ajoute l’association de consommateurs, que le budget concernant les produits alimentaires représente 15,5 % des dépenses des ménages, et 17,5 % pour les plus modestes d’entre eux (chiffres Insee de 2006).

La Fédération des entreprises du commerce et de la distribution (grande distribution) parle de « procès en sorcellerie » et renvoie à un Observatoire des prix et des marges constitué début 2009 auprès de la répression des fraudes (DGCCRF). Mais l’UFC-Que choisir relève aussi dans ses conclusions que « l’opacité demeure sur la construction des prix alimentaires » en publiant le verbatim des réponses de la distribution.
Leitmotiv de Nicolas Sarkozy, le pouvoir d’achat des ménages, et donc des salariés, devait être le grand gagnant de la loi de modernisation de l’économie de 2008. Cette enquête ­montre qu’il n’en est rien. De plus, « les agriculteurs subissent de plein fouet le rapport de force déséquilibré entre fournisseurs et grande distribution, et sont souvent en situation de vente à perte, constate Philippe Collin. Résultat, l es profits de Danone et de Lactalis vont bien, et l’on retrouve l’industrie agro­alimentaire parmi les cent premières fortunes de France ».

[^2]: À lire dans son intégralité sur le site de l’UFC-Que choisir,

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