Un baron très généreux

La compagnie Joker, installée à Lille, crée des spectacles de proximité, dont la vitalité transporte les spectateurs les moins habitués à l’art dramatique. Ses deux fondateurs, Hacid Bouabaya et Barbara Monin, ont appris autant dans la rue, les quartiers, la banlieue lilloise qu’auprès de leur ­maître du temps de leur jeunesse, Mario Gonzalez. Il y a dix-neuf ans que Joker existe et rayonne dans le Nord et le reste de la France, sans beaucoup passer par Paris. En ce moment, Antonio Diaz Florian, patron du plus beau théâtre de la Cartoucherie, l’Épée de bois, a invité la troupe.

Les Parisiens peuvent à présent se rendre compte combien ces artistes sont fidèles à leurs déclarations, eux qui disent : « Nous essayons d’échapper à la reconstitution historique tout en gardant l’essentiel de la tradition de la commedia. Nous voulons un théâtre exubérant et spectaculaire, un théâtre de dérision qui jette un œil sans complaisance sur notre monde. »
Tiré d’un récit célèbre, leur nouveau spectacle, les Aventures extraordinaires du baron de Münchhausen, se déroule habituellement en plein air. C’est d’ailleurs dans les arènes de Dax, lors du Festival de la comédie, que nous l’avons vu pour la première fois. Ce baron de légende raconte sa vie, et la troupe se déchaîne sur la terre comme au ciel. De l’art absolument généreux, fracassant comme le capitaine Fracasse.