La « dérive infernale » de l’assurance chômage
Un an après la fusion Assedic/ANPE, Pôle emploi traverse une grave crise face à l’afflux de chômeurs.
dans l’hebdo N° 1084 Acheter ce numéro
Le texte en dit long sur la situation de Pôle emploi, organisme censé prendre en charge les salariés qui ont perdu leur emploi, et du chômage en France. Intitulé : « Salariés et chômeurs-précaires, ensemble contre la dérive infernale de Pôle emploi ! », la déclaration commune d’une dizaine d’associations de chômeurs et de syndicats [^2] réclame, un an après la fusion de l’ANPE et des Assedic au sein de Pôle emploi, « le retour à un véritable service public de l’emploi, avec toutes les garanties pour les agents et pour les usagers ».
Les signataires décrivent une gestion catastrophique du chômage alors que celui-ci est en tête des préoccupations des Français. Ils affirment que la fusion, « imposée à marche forcée, entraîne à Pôle emploi la même désorganisation des métiers et savoirs professionnels, la même casse des collectifs de travail par la moulinette des logiques de gestion et de management qu’à France Télécom, avec les mêmes conséquences à terme ». Oubliés des médias, les suicides et tentatives de suicide de salariés et de chômeurs se multiplient. Les organisations citent plusieurs tentatives à Argenteuil, Villejuif, Noisy-le-Grand, et le cas récent d’un demandeur d’emploi qui s’est donné la mort sur le parking de Pôle emploi à Château-Gonthier.
Les conditions d’accès à l’assurance chômage sont aussi mises en cause : « Les chômeurs et précaires doivent faire face à des radiations, des indus et des retards de paiements, au refus de formation, à l’obligation de faire du zèle et de paraître motivés. De plus en plus d’entre eux sont adressés à des boîtes privées de sous-traitance subventionnées par Pôle emploi, où les pires méthodes de coaching leur sont imposées lors de “suivis intensifs”. »
Ainsi des centaines de milliers de demandeurs vivent une situation très difficile en étant exclus de toute forme d’allocation. Selon Pôle emploi, 819 000 allocataires sont sortis de l’assurance chômage en 2009, et plus d’un million seront concernés cette année. « Parmi eux, seule une très petite partie (à peine 16 %) pourra bénéficier de l’allocation spécifique de solidarité du fait des critères qui ne sont plus attachés à la personne, mais au revenu familial » , souligne la CGT, qui propose, entre autres, le prolongement des droits à l’assurance chômage.
L’augmentation du chômage devrait se poursuivre cette année, alors que 4,3 millions de personnes sont inscrites à Pôle emploi. Un triste record pour le gouvernement et un dossier épineux pour Nicolas Sarkozy.
[^2]: Le texte est cosigné par AC !, l’Apeis, Apnee-Actuchômage, l’Appel et la pioche, la CGT-Chômeurs, la Coordination des intermittents et précaires d’Île-de-France, les Marches européennes, le MNCP, SNU-Pôle emploi (majoritaire), Solidaires, SUD-Emploi, CNT-ANPE.