« À côté de la plaque »
dans l’hebdo N° 1090 Acheter ce numéro
L’attaque contre l’écologie.
C’est une bagarre à côté de la plaque. Il ne faut pas confondre l’écologie avec le naturalisme, selon lequel on aurait des fonctions spécifiques liées à notre statut de mammifère. Et opposer écologie et féminisme est une faute. Les écologistes sont depuis toujours très féministes. Élisabeth Badinter oppose le statut de femme à celui de mère. Or, il faut réussir non pas à transformer les femmes en hommes des années 1980, entièrement absorbés par leur travail, mais à faire en sorte que les femmes comme les hommes aient droit à du temps pour leurs loisirs et leurs enfants.
Et puis s’occuper d’un enfant n’est pas équivalent à une autre tâche ménagère ! On pourrait reprendre point par point ce qu’elle dit de l’allaitement, des couches jetables, etc. : ce sont de faux débats. Les vrais débats aujourd’hui portent sur le partage des taches et les inégalités salariales.
Ce qui motive son raisonnement ?
C’est un point de vue personnel et peu étayé. Preuve de l’impasse : le modèle de la société de consommation auquel elle se réfère a trouvé ses limites. Son analyse est très datée. Prenons l’exemple des biberons : les écologistes ne disent pas qu’il ne faut pas en utiliser mais qu’il faut éviter ceux qui contiennent du bisphénol A. On remet en cause l’utilisation de certains produits non pour nier le progrès et revaloriser nos « instincts » mais pour des raisons de santé publique.
Que penser du modèle de la femme écologiste qu’elle cloue au pilori ?
Quand elle dit que le modèle de la femme écolo consiste à rester à la maison pour allaiter et préparer de la purée bio, j’hésite entre rire et dénoncer la manipulation. Sa charge contre l’allaitement est un mystère : l’industrie laitière est 100 000 fois plus puissante que tout lobby en faveur de l’allaitement. Et si l’allaitement augmente en France, on allaite très peu au-delà de six mois. Or, si tout le monde peut faire le choix du biberon, l’allaitement n’est pas une évidence. Quant à « l’allaitement à la demande », qui consiste à nourrir le bébé quand il a faim, c’est une libération pour toute la famille. Et cela vaut aussi pour le biberon !