Heureuses rencontres

Deux exemples de mélanges réussis entre artistes et époques.

Denis Constant-Martin  • 18 février 2010 abonné·es

La mode des « musiques du monde » a engendré un mythe de la rencontre et du mélange qui, le plus souvent, n’a produit que des collages fastidieux. Deux exemples récents infirment toutefois ce constat.

Titi Robin, spécialiste des cordes pincées, a parcouru la Méditerranée en tous sens puis a poussé vers le Pakistan et les musiques soufies. Il s’est familiarisé avec le qawwali et en a rencontré une des plus grandes voix, Faiz Ali Faiz, considéré comme un des successeurs de Nusrat Fateh Ali Khan. Leur dialogue a pris le temps de mûrir jusqu’au point où Robin a pu composer des mélodies dans lesquelles Faiz se reconnaissait tant qu’il souhaita y poser des textes poétiques. Ensemble, enfin, ils ont conçu les arrangements. Ils ont ainsi inventé une sorte de nouveau qawwali, proche du classicisme, dont il garde l’élan, mais pourtant différent par les équilibres et la palette des timbres. Le résultat est réellement prenant.

David Chevallier, guitariste aventurier des frontières du jazz, n’a évidemment pas rencontré le madrigaliste Carlo Gesualdo (vers 1560-1613), mais il a travaillé ses œuvres pour offrir aux voix laissées intactes (celles, magnifiques, d’A Sei Voci) un cadre orné en contraste par des variations et des improvisations inspirées du jazz moderne. On est intensément séduit par l’intelligence de la mise en relief des œuvres originales, qui fait entendre des modernités insoupçonnées.

Culture
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