Le choix de Foxy

C’est un moment suspendu dans Fantastic Mr. Fox , film d’action trépidant : maître renard stoppe net le side-car où se tassent quatre protagonistes après une opération sauvetage réussie. Sur la colline, un loup les observe. Presque une ­silhouette à découper dans un ­cadre neige et ­ombre qui tranche avec les jaune et ocre de la garenne. Le loup ne bronche pas : « Il ne parle ni anglais ni français » , commente Foxy après deux courtoises tentatives. Puis de lever finalement le poing en direction de l’autre, qui fait de même avant de disparaître d’un bond dans la forêt.

« Le sauvage et le repenti », pourrait être le titre de ce film d’animation qui, tiré d’un classique de Roald Dahl, joue sur deux tableaux : l’élégance d’expression des vieilles comédies britanniques et une mise en scène digne des meilleurs westerns.

Le facétieux Wes Anderson ( la Vie aquatique, À bord du Darjeeling Limited ) a conçu son premier film d’animation à l’ancienne : image par image, avec des marionnettes, alternant des séquences à 100 à l’heure et des scènes de théâtre vissées sur des dialogues au cordeau. L’idée principale du film consiste à insister sur le cas de conscience de son héros, partagé entre deux possibilités : se ranger comme chroniqueur dans une feuille de chou que personne ne lit ou se laisser aller à ses instincts sauvages dans un des domaines où il excelle, le vol. Attitude que sa douce et ancienne complice désapprouve fortement depuis la naissance de leur renardeau… En anglais, c’est George Clooney qui fait la voix de Foxy, et Meryl Streep qui prête la sienne à Felicity, contre Mathieu Amalric et Isabelle Huppert en français. Deux versions à comparer.