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Dictionnaire incorrect de l’état du monde
Pascal Boniface, Larousse, 320 p., 20 euros.
Un état des lieux, une polémique et un diagnostic. C’est sur ce rythme ternaire que se lit le Dictionnaire incorrect de l’état du monde de Pascal Boniface. L’éclairage de la situation planétaire se fait en 150 définitions, des incontournables comme Barack Obama ou Hugo Chavez aux plus inattendus. Les portraits de Rambo et de James Bond viennent en effet se glisser entre ceux des chefs d’État. Ces personnages de fiction n’échappent pas non plus à la démonstration en trois étapes. Après un rapide état civil ( « Personnage de roman créé en 1952, James Bond est un espion des services secrets britanniques, le MI-6. Son matricule est 007 ») et un rapide portrait ( « En avance sur son époque, au début des années 1960, il affiche un goût assumé pour le libertinage. […] Dans chaque épisode, il est accompagné par une actrice principale au physique avenant, désignée comme “James Bond Girl” » ), vient le diagnostic : « James Bond est un produit de la guerre froide, ses aventures se déroulant dans un monde bipolaire. »
Ce dictionnaire ne se limite évidemment pas aux classiques de l’espionnage et autres sauveurs du monde libre. Pascal Boniface, directeur de l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris), clarifie nombre de notions à usage idéologique évident telles que « zéro mort », « prolifération » ou « frappe chirurgicale ». Guide précieux pour les étudiants, on y trouve des termes apparus récemment ou qui reviennent fréquemment dans la presse, tels « crise économique de 2008 », « G20 », « Haïti », « piraterie », « délocalisation » ou « multilatéralisme », définis avec simplicité : « Le multilatéralisme est une manière d’agir pour les États dans le domaine des relations internationales, en coordination et en coopération avec les autres États et non en opposition ou de façon solitaire. »
Mais le dictionnaire montre son « incorrection » au moment du diagnostic, où l’auteur ne se refuse pas quelques commentaires bien sentis, par exemple sur l’ancien président des États-Unis : « Les différents échecs de George W. Bush, pourtant bon communicant, conduisent à le désigner comme l’un des pires présidents (si ce n’est LE pire) de l’histoire des États-Unis. Son principal mérite aura été, par rejet de sa politique, de contribuer à faire élire Barack Obama. »
La simplicité de langage, le ton parfois décalé et le choix original des entrées, mêlant fiction et réalité, situent cet ouvrage bien loin de l’image poussiéreuse des dictionnaires d’antan. On notera en outre le travail de Laurent Blachier sur les lettrines, véritables dessins de presse offrant un autre regard sur le monde actuel.